Le suivi des sabots de Vénus

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Dans le massif Boscodon-Morgon, le suivi des sabots de Vénus est réalisé conjointement par l'ONF, qui pilote cette opération, et le Parc national des Écrins.

Le Sabot de Vénus ? C'est une espèce qui fait rêver. Elle fait partie des fleurs dites "patrimoniales" dont il est important de suivre l'évolution. Le massif Boscodon-Morgon, en Embrunais, est un haut-lieu de floraison de cette magnifique orchidée. Des "placettes" sont suivies par l'ONF en collaboration avec le Parc national des Écrins. Cette année, un peu moins de pieds de sabots de Vénus ont été recensés. La belle de demi-ombre semble être génée par la régénération des jeunes pousses d'arbres...

Les études menées conjointement par l'Office national des Forêts Isère et Hautes-Alpes et le Parc national des Ecrins ont confirmé que le biotope potentiel (territoire où la plante est susceptible de pousser) du Sabot de Vénus correspondait à l'ensemble des massifs forestiers à forte dominante calcaire, jusqu'à 1 900 mètres dans le Valbonnais et 2 100 mètres dans l'Embrunais. Ces mêmes études ont permis de définir les pratiques de gestion forestière les plus favorables au maintien de cette orchidée : celle de la futaie jardinée.
Le premier inventaire mené par le Parc et l'O.N.F. entre 98 et 99 a permis de recenser 5 000 tiges fleuries entre Entraigues et le col d'Ornon. À partir de 2000, c'est l'O.N.F. qui a initié un recensement dans le massif du Morgon dans l'Embrunais pour y constater, en 2003, un même niveau de densité qu'en Valbonnais. On y a recensé jusqu'à 10 000 pieds de sabots, lors de comptages exhaustifs, il y a quelques années.

L'art du compromis

Le Sabot de Vénus n'est ni une espèce forestière, ni une espèce de milieu ouvert. Elle aime la lisière et les forêts aérées, entre ombre et lumière. Cette localisation permet au champignon symbiote, qui pousse au pied de la tige de prospérer tout en nourrissant la belle. Car bien qu'appréciant le soleil, l'orchidée, pour pouvoir se développer, est bien obligée de prendre en compte les besoins de cet indispensable compagnon. Finalement, le compromis est trouvé dans la futaie jardinée.

Dans l'Écho des Écrins de l'été 2003, Jacky Arcis, agent O.N.F. en faisait l'apologie... La futaie est dite jardinée "car les arbres sont issus de graines et qu'elle présente toutes les classes d'âges, entre 0 et 250 ans. C'est un milieu vraiment équilibré et caractéristique de la sylviculture de montagne. On n'y pratique jamais de coupe à blanc et le sol n'est pas dénudé. Cette forêt a un aspect constant. Finalement c'est un milieu ouvert particulièrement propice au développement de l'avifaune et du sabot de Vénus !"

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