Le concours des prairies fleuries, en Vallouise

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Les experts du jury des Écrins visiteront les huit parcelles candidates les 20 et 21 juin, à Champcella, Freissinières, L'Argentière-la-Bessée, Vallouise et Les Vigneaux.

La richesse des prairies naturelles, en termes écologiques et agricole, mérite d'être mieux connue... et encouragée. C'est l'un des objectifs du concours national des prairies fleuries, créé à l'initiative des parcs régionaux et nationaux. En lien avec les professions agricoles, ce concours récompense les prairies qui offrent le meilleur équilibre entre production fourragère et biodiversité.

Dans le Parc national des Ecrins, le concours se déroule cette année en Vallouise. Un jury d'experts se réunira les 20 et 21 juin pour visiter les huit parcelles candidates et désigner celle qui représentera les Ecrins au concours national.

Dans le Parc régional du Queyras, le jury local aura lieu les 24 et 25 juin.

La valeur agricole d'une prairie naturelle (productivité, valeur nutritive, souplesse d'exploitation et appétence de l'herbe) n'est pas en opposition à sa valeur écologique (diversité floristique, renouvellement de la végétation, valeur patrimoniale, valeurs faunistique et mellifère), bien au contraire !

Plus la prairie est variée et mieux elle sait répondre à un stress, par exemple à la sécheresse, au piétinement ou encore au décalage des saisons... Une espèce pourra alors compenser par une pousse plus généreuse le manque laissé par une autre en détresse et cette faculté prend toute son importance dès lors qu'on parle de changement climatique !

esparcette-champcellaChaque espèce a ses propres exigences écologiques et les pratiques des éleveurs influencent le maintien et le renouvellement du cortège floristique. Il peut être modifié par un abandon de la fauche au profit du pâturage (plus sélectif et précoce) ou par une « intensification » forte des pratiques c'est à dire une fauche plus précoce et une fertilisation trop forte. Par exemple, certaines espèces qui font leurs graines tardivement seront sensibles à une fauche précoce les éliminant au fil des ans....

En Vallouise, la fauche des prairies se raréfie

Avec une trentaine d'agriculteurs qui exploite quelque 800 ha sur 7 communes, le secteur de la Vallouise est l'un des moins agricoles du parc national des Ecrins.

Plus de 300 ha de prairies naturelles sont tout de même fauchées dans ce territoire avec des types différents selon l'altitude, la profondeur du sol, l'exposition et bien sûr les pratiques des éleveurs.

Les prairies fauchées sont situées principalement dans les zones plates de fond de vallée plus ou moins larges (Freissinières, Vallouise, Pelvoux....), sur les balcons surplombants ces vallées (Champcella, Puy Saint-Vincent...) ou encore sur les « replats » des coteaux en versants adrets ou ubac.

 

Ces prairies abritent une grande diversité floristique à laquelle s'ajoute, dans certaines prairies de la vallée du Fournel, la célèbre Reine des Alpes (Eryngium alpinum).
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Sans doute plus encore que dans d'autres vallées du massif, la pratique de la fauche est menacée dans ce territoire. Récemment, cette pratique s'est notamment arrêtée sur de grandes zones situées sur les coteaux.

2013-06-reine-alpes-tmLa reine des Alpes
Cette beauté emblématique des Ecrins possède des inflorescences bordées de bractées d'un bleu profond. Cette plante n'est pas typique des prairies naturelles. D'ailleurs, on la trouve plutôt dans des lieux forts scabreux et raides des Ecrins. Les stations du Fournel sont exception... et exceptionnelles, de par leur ampleur. C'est vraisemblablement le pâturage des animaux domestiques après la fauche qui a permis à cette belle « étrangère » de s'infiltrer dans les prairies de ce vallon, cachée dans la toison d'une brebis.
Appelée Panicaut des Alpes (ou abusivement « chardon bleu ») la Reine des Alpes est sensible à la fauche ou au pâturage précoces : les graines n'ont alors plus le temps de mûrir.
Des mesures agri-environnementales spécifiques sont mises en œuvre par les agriculteurs de l'Argentiérois pour la préserver.

La Haute-Romanche, le Valbonnais et le Haut-Champsaur ont accueilli ce concours au cours de ses trois premières éditions dans les Ecrins.

Lire aussi :

altLe sacre des prairies fleuries... et fauchées ! Juin 2012

La parcelle de Philippe Bertrand-Pelisson, située aux Marches d'Orcières, représentera les Écrins au concours national des prairies fleuries. Au-delà du bon équilibre entre la qualité fourragère et la richesse écologique de cette prairie, le jury récompense la ténacité des paysans du Haut-Champsaur pour faucher de tels sites.

Consulter le site internet du concours national agricole des prairies fleuries

altDeux prairies primées en Valbonnais - juillet 2011

Deux prairies des Écrins au concours national - juillet 2010

Les prairies de la haute-Romanche au concours national - juin 2010