Le retour des vautours

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Avec le printemps, le gypaète observé en Vallouise cet hiver semble avoir rejoint l'Embrunais. Il séjourne à Réallon depuis quelques temps. Comme dans la vallée de l'Onde, il est souvent en conflit avec les aigles, très territoriaux à cette période, ce qui donne lieu à de belles joutes acrobatiques.

Depuis septembre 2009, un gypaète adulte avait élu domicile dans la vallée de Vallouise. Début février, un jeune l'avait rejoint, facilement reconnaissable à sa tête noire. Ils volaient avec les aigles et allaient casser des os sur d'inaccessibles rochers.

Depuis quelques temps, le gypaète adulte semble avoir rejoint l'Embrunais et séjourne du côté de Réallon...

2010-04-gypa-aigle-gourniers 2010-04-gypa-gourniers

2010-04-gypa-lautaretDans le Briançonnais, la situation pathétique de la mortalité des bouquetins et leurs nombreux cadavres attirent les gypaètes.
Un juvénile a été noté plusieurs fois. Le  17 avril, un oiseau de 4 ans a été identifié comme étant Zufall, né et relâché en 2006 dans le Stelvio (Alpes centrales).

Toutes vos observations sont les bienvenues. Merci de les transmettre aux secteurs du Parc national des Écrins, en contactant les Maisons du Parc.

Pour en savoir plus, notre dossier sur le retour des vautours, publié le 26 février 2010 :

A venir régulièrement explorer la Vallouise, un gypaète trouvera t-il un gîte pour se sédentariser et se reproduire dans la vallée ?
Une question mêlée d'espoir pour les agents du Parc national des Écrins qui veillent sur les deux oiseaux qui séjournent actuellement dans leur secteur.

"La population de chamois est importante dans le secteur et quelques-uns ne survivent pas à la rigueur de cet hiver, ce qui fait l'aubaine de nos rapaces" soulignent Blandine Delenatte et Jean-Philippe Telmon, gardes-moniteurs dans le secteurs de Vallouise.
Ils ont réalisé les images et les deux vidéos qu'ils partagent ici avec vous.

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Gypaète barbu et aigle royal - Vidéo Parc national des Écrins - Blandine Delenatte et Jean-Philippe Telmon

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Gypaète barbu - Vidéo Parc national des Écrins - Blandine Delenatte et Jean-Philippe Telmon

 

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L'adulte que l'on voit sur les images a plus de 7 ans : "on le voit à son corps élancé, au contraste noir/gris des ailes, à sa tête claire, à son corps clair plus ou moins orangé. Ce jour là, le dessous de la tête était très rouge car il venait de s'alimenter" précise Blandine. "L'orangé vient d'une habitude de l'oiseau qui s'asperge d'eau boueuse."

Le jeune est un "troisième année", immature : "on le voit à sa tête noire mais aussi au bord de fuite des ailes en râteau (irrégulier). Les deux tâches blanches au niveau des poignets en témoignent aussi."

En 2007, un gypaète était resté une dizaine de jours dans la vallée.

De novembre 2008 au printemps 2009, un gypaète adulte était également présent... "L'adulte qui est là cette année ressemble furieusement à celui de l'année dernière" commente Thierry Maillet, chef du secteur de Vallouise. Un gypaète a également été observé du côté de Freissinières en avril 2009, et c'est la deuxième fois en deux ans qu'un jeune à tête noire est observé dans la vallée.

"Le tête noire est trop jeune pour se reproduire. L'espoir serait plutôt que cette "concentration" de gypaètes attire un autre adulte qui, lui, pourra former un couple et se reproduire avec celui qui est déjà là. La formation de couple avec un subadulte existe mais, me semble t-il, pas avec un individu aussi jeune que celui qui est ici" ajoute encore Thierry Maillet

 

2010-02-gypaigle-vig Lire aussi l'article Querelle aérienne à Puy-Aillaud

 

Le retour des vautours

Depuis plus d'un siècle, ils avaient disparu de nos montagnes. Les tirs, les empoisonnements de cadavres destinés à tuer des prédateurs, la régression des populations d'ongulés... expliquent en partie leur extinction.

Leur retour est lié exclusivement à des programmes de réintroduction... qui ont réussi. Ces grands rapaces ne sont pas des prédateurs d'animaux vivants mais des charognards qui se nourrissent quasi exclusivement d'animaux morts, sauvages ou domestiques. Avec leur envergure de presque trois mètres, ils sont d'incomparables voiliers.

De par leur alimentation nécrophage, ils sont d'une grande efficacité "sanitaire" en débarrassant la nature des cadavres.

2010-02-vautour-fauveLe vautour fauve niche dans les parois rocheuses et vit en colonie. Son comportement social est très développé. Lorsque l'un d'eux repère une carcasse, il s'en approche, indiquant par là même aux autres vautours la présence de nourriture. Ainsi, en quelques minutes, la colonie complète est prête à commencer la curée. Après leur passage, seuls resteront les os et la peau. Les vautours pourront alors jeûner plusieurs jours consécutifs.

Après l'apparition sur le massif des Ecrins des premiers vautours fauves en 2005, les années qui ont suivi ont confirmé une estive régulière entre la mi-juin et la mi-octobre qui concerne plusieurs dizaines d'oiseaux.
On estime à plus ou moins 150 individus la population estivant actuellement sur le massif. Les déplacements pendant la période de présence des oiseaux semblent étroitement liés à la disponibilité alimentaire.

Selon les observations actuelles, les grands traits du comportement de ces estivants dans les Alpes semblent se répéter avec une régularité étonnante : arrivée des premiers oiseaux à partir de mi juin (coïncidant avec la date de montée des troupeaux en alpage), dortoirs dans des parois ou sur les crêtes, mouvements quotidiens des dortoirs vers les curées, départ en octobre, avec les troupeaux.

En 2009, les vautours ont été signalés sur 83 communes (24 en Isère, 58 dans les Hautes-Alpes et sur une commune de la Drôme dépendant de cette zone de collecte des informations) : 355 observations sont enregistrées.

 

2010-02-vautour-moineLe vautour moine niche dans les arbres. Il est solitaire et vit en groupe lâche. Il se nourrit des parties dures (tendons, cartilage...) des cadavres d'ongulés et de petites proies mortes.

 

Près d'une quarantaine d'observations de vautour moine a été relevées au cours de l'année 2009 dans les Écrins. Elles sont concentrées sur la façade ouest du massif, plus particulièrement en Oisans et Valbonnais. Plusieurs individus ont pu être identifiés grâce à leurs bagues ou à la décoloration de leurs plumes.

 
 

2010-02-gypa-ficheLe gypaète barbu vit généralement en couple sur un territoire. Il est appelé également le "casseur d'os" du fait de son régime alimentaire qui le conduit à arriver après la curée des vautours pour se contenter d'ingurgiter ce qu'ils ont laissé : les os.

Il fait des incursions régulières dans les Écrins sans réels prémices d'installation... Autant dire que la présence continue d'un gypaète adulte en Vallouise depuis quelques mois est suivie de très près.