Une observation étonnante…
Des écailles vert pâle, des flancs ornés d’ocelles bleus, une taille pouvant atteindre 75 centimètres : le lézard ocellé est le plus grand lézard d’Europe. Présents sur le pourtour méditerranéen, quelques individus moins frileux peuplent également l’Embrunais. Cette espèce déclinant fortement depuis 30 ans, elle fait l’objet d’une attention toute particulière des agents du Parc national. En 2022, ils s’intéressent de près à un curieux cas particulier : 3 lézards ocellés (2 mâles et une femelle) ont été découvert en mai 2021… sur l’îlot Saint-Michel, au beau milieu du lac de Serre-Ponçon !
… Qui suscite des questions !
Cette découverte suscite bien sûr plusieurs interrogations, dont la principale : comment ces individus sont arrivés là ? Plusieurs hypothèses sont avancées :
- En sachant que la fin de la mise en eau du lac de Serre-Ponçon date de 1961, il pourrait s’agir là d’individus bloqués sur l’îlot par la montée des eaux et qui formeraient donc une petite population fermée, isolée des lézards ocellés continentaux.
- Chaque année, afin de permettre la production d’énergie hydroélectrique, le niveau du lac baisse fortement en hiver et au début du printemps, avant de remonter une fois le barrage fermé. L’îlot Saint-Michel est donc parfois accessible à pied sec. On peut ainsi imaginer que certains individus sortis d’hibernation profitent de cette aubaine pour coloniser l’îlot.
- Dernière hypothèse : la nage. L’îlot Saint-Michel étant distant de moins de 250 mètres de la côte la plus proche, on pourrait également imaginer que certains individus puissent rejoindre l’îlot à la nage, même s’il s’agit là d’une hypothèse moins probable.
Objectif : en savoir plus !
Afin d’essayer de comprendre le fonctionnement de cette population (est-ce qu’il s’agit d’une population fermée ou bien est-ce que des individus sont susceptible de quitter l’îlot ou de s’y installer, renforçant ainsi la population), le Parc national des Écrins, en collaboration avec le conservatoire d'espaces naturels PACA, a décidé d’explorer la piste de la génétique. En effet, l’îlot étant particulièrement petit, très peu de couples sont susceptibles de s’y maintenir. Dans l’hypothèse d’une population fermée, la dérive génétique serait donc très forte malgré l’isolement potentiel assez récent (61 ans). Pour vérifier (ou non) la différence génétique entre cette population isolée et les « continentaux », des crottes ont d’ores et déjà été récoltées sur l’îlot et sur les zones à proximité. Elles feront l’objet d’analyses courant 2023.
Affaire à suivre !