Des dégâts inédits pendant l’été et l’automne
Entre le 25 juillet et la fin octobre, le massif des Écrins a été touché par une succession d’épisodes météorologiques destructeurs, dont le nombre (une dizaine) et l’ampleur sont inédits. Si ces événements n’ont épargné que peu de secteurs du parc, les vallées du Valgaudemar et de l’Oisans ont concentré les plus gros dégâts, avec les trois-quarts des passerelles entretenues par le Parc détruites ou endommagées. « Certaines portions de sentiers ont été complètement détruites, comme dans le vallon du Sélé où on va devoir retracer 700 mètres de linéaire, les berges des torrents ont bougé... la remise en état du réseau représente un très gros travail », précise Isabelle Vidal, cheffe du service aménagement.
30 juillet 2023 : suite à un violent orage, lave torrentielle dans le vallon des Étançons (Saint-Christophe-en-Oisans). Le refuge du Châtelleret est endommagé, le sentier en rive droite et 3 passerelles sont détruits.
Des travaux et un budget exceptionnels
Le rétablissement de tous les sentiers et passerelles dégradés représente 300 000 € de travaux supplémentaires par rapport à une année classique. L’enjeu est désormais de permettre l’accès aux refuges, aux alpages et aux sentiers de randonnées. Des cofinancements exceptionnels, notamment auprès de l’État et des Départements des Hautes-Alpes et de l’Isère, ont été recherchés pour boucler le budget travaux. En fonction des cofinancements reçus, des priorités pourraient être discutées avec les collectivités du territoire et les socioprofessionnels du tourisme.
Quoiqu’il en soit, la saison des chantiers en montagne débutant tardivement, les sentiers concernés par les travaux rouvriront progressivement en début d’été. Du côté des passerelles, les ouvrages détruits seront remplacés par des passerelles mobiles, plus légères et rapidement installables, mais plus vulnérables aux crues de l’été. Pour informer régulièrement les visiteurs sur l’état des sentiers, des articles seront publiés tout l’été sur le site web du Parc national.
21 août 2023 : écroulement dans le couloir Pelas-Verney (Vallouise-Pelvoux). Les sentiers d’accès aux refuges du Sélé et du Pelvoux sont touchés.
Une recrudescence des événements météo destructeurs
« 2023 a été une année exceptionnelle en termes de dégâts sur les sentiers, mais elle pourrait malheureusement devenir la norme », commente Pierrick Navizet, chef du service accueil-communication. Une prévision confirmée par l’ONF (Office national des forêts) et le RTM (restauration des terrains de montagne) qui ont rendu une note en 2023 sur le changement climatique et les phénomènes naturels en montagne. Selon les spécialistes, le risque d’orages localisés, vecteurs de précipitations extrêmes, s’aggrave de 7 % pour chaque degré de réchauffement supplémentaire. Le dégel de la haute montagne augmente également la fréquence des écroulements rocheux au-dessus de 2 500 m d’altitude.
28 août 2023 : suite aux orages, crue du torrent du Glacier Noir (Vallouise-Pelvoux). La passerelle le franchissant au pré de Madame Carle est détruite.
Lorsque ces phénomènes se combinent, des laves torrentielles se mettent en place : la pluie se déverse sur les gros volumes de matériaux libérés par le retrait glaciaire, les emportant dans son écoulement et causant des dommages importants sur une très longue distance. « Jusque là, notre logique était de privilégier des équipements qui tiennent dans le temps mais plus chers. La recrudescence de ces évènements nous amènera à nous réinterroger sur cette stratégie », conclut Isabelle Vidal.
22 octobre 2023 : suite aux fortes pluies, crues des torrents. De nombreuses passerelles dont celle du Chardon (Saint-Christophe-en-Oisans) sont emportées.
609 km de sentiers entretenus par le Parc
Formalisé à la création du Parc national, le schéma de sentiers des Écrins comprend 691 km qui permettent aux randonneurs d’accéder au cœur du parc et aux refuges, à la journée ou en itinérance, et aux troupeaux de monter en alpage. Le Parc national entretient et sécurise 88 % de ces sentiers (le reste étant pris en charge par les communes, les communautés de communes ou l’ONF) et 161 ouvrages, dont 117 passerelles. Il y consacre 370 000 € chaque année, l’entretien et les travaux étant réalisés directement par les ouvriers sentiers ou par des entreprises extérieures. Le schéma de sentiers du massif étant inscrit au PDIPR (plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée) de l’Isère et des Hautes-Alpes, le Parc national bénéficie du soutien financier des deux Départements et exceptionnellement de programmes financés par l’État ou l’Union européenne.
