Bunias d’Orient : la lutte est lancée

-A A +A
Présent de manière localisée depuis les années 1980, le bunias d’Orient explose depuis une dizaine d’années dans plusieurs secteurs du parc national, notamment le Valgaudemar. Pour contenir l’expansion de cette plante invasive, les agents du Parc national ont organisé de nouvelles opérations d’arrachage, à Molines le 28 mai et à La Chapelle-en-Valgaudemar le 2 juin. L’objectif : inscrire la lutte dans la durée en mobilisant le plus grand nombre.

Bunias d'Orient à Chabottes © Marc Corail - PNE

Une menace pour la flore locale

Bunias d'Orient © Dominique Vincent - PNE Le parc national n’est pas épargné par le bunias d’Orient, cette plante invasive originaire du Caucase et ressemblant au colza ou à la moutarde sauvage. Présent dans les milieux bien ensoleillés, il envahit rapidement talus, rives de cours d’eau, jardins et prairies, au détriment des espèces locales. Sa stratégie : une reproduction particulièrement efficace, à la fois sexuée (on trouve de 3 000 à 4 500 graines par plant !) et végétative, par les racines. Comme l’explique Dominique Vincent, garde-monitrice dans le Valgaudemar, « le problème principal pour se débarrasser de cette plante, ce sont ses racines très profondes, difficiles à retirer entièrement. Il suffit qu’un petit morceau reste en terre et ça repart. »

Des premières initiatives à Molines-en-Champsaur

Opération Parc-ONF d'arrachage du bunias d'Orient, à Molines en 2024 © Dominique Vincent - PNE Pour contenir cette expansion, il est indispensable d’arracher ou de couper régulièrement les pieds du bunias avant sa montée en graines, fin mai-début juin. En 2024, une première expérimentation a été initiée par les agents du Valgaudemar, avec le renfort de l'ONF, à Molines-en-Champsaur. Cette année, ils ont reçu le renfort des membres de l’association Les Moutencs et d’un agriculteur nouvellement installé au hameau. Le 28 mai dernier, c’est donc une quinzaine de courageux qui s’est attelée à l’arrachage du bunias dans les prairies naturelles autour de Molines. « C’était une belle opération, commente Dominique Vincent. Elle a aussi permis de faire de la sensibilisation auprès des habitants via l’association pour essayer de faire perdurer l’action sur la durée. »

Opération Parc-ONF d'arrachage du bunias d'Orient, à Molines en 2024 © Dominique Vincent - PNE Car c’est tout le problème du bunias : son éradication étant pratiquement impossible, les efforts devront être reproduits chaque année, d’où la nécessité d’impliquer le plus grand nombre. L’engagement des agriculteurs sera notamment crucial. Entre Molines et La Motte-en-Champsaur, la prairie qui a été nettoyée l’an dernier par les agents du Parc, fait l’objet cette année d’un traitement particulier : les agriculteurs propriétaires ont fait brouter leurs vaches en début de pousse pour éviter que le bunias ne reprenne trop vite, et ils faucheront la parcelle avant la montée en graines.

Une grosse opération à La Chapelle-en-Valgaudemar

Opération d'arrachage du bunias d'Orient à La Chapelle © Dominique Vincent - PNE Tout proche, le Valgaudemar est également touché, notamment au hameau du Casset où les prairies de fauche commencent à être colonisées. Le 2 juin dernier, un chantier participatif organisé par le Parc a tenté d’enrayer la dynamique : 17 agents venus de tout le massif, dont le directeur et le chef de secteur, le maire et un conseiller municipal de La Chapelle-en-Valgaudemar, et un éleveur de Villar-Loubière, ont participé à une grande opération d’arrachage. Malgré la pluie, l’équipe a traité toutes les zones colonisées jusqu’à la bergerie de Julien Bellon. « Cette opération a permis d’abattre un gros boulot et de mettre en route cette volonté d’arrachage, explique Dominique Vincent. C’est maintenant aux acteurs locaux, élus, habitants et agriculteurs, de prendre la suite. À l’automne, une réunion est prévue avec tous les acteurs concernés, notamment le Département et les entreprises locales qui peuvent ramener des terres contaminées. L’idée reste la même : sensibiliser à la problématique du bunias et encourager des actions conjointes pour le contenir au maximum. »

Opération d'arrachage du bunias d'Orient à La Chapelle © Dominique Vincent - PNE