Le glacier d'Arsine

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Le glacier d’Arsine est logé au creux d’un vaste cirque de face nord, enceint par de hautes parois culminant entre 3 200 et 3 600 mètres d’altitude. Il s’agit d’un glacier en grande partie couvert dont le front, actuellement situé vers 2 470 m d’altitude, est précédé par des lacs. Ceux-ci sont retenus par un imposant dispositif de moraines historiques, formées lors du Petit Âge de Glace (entre 1550-1850 environ). De par sa taille et son état de conservation, le dispositif morainique historique d’Arsine fait figure d’exception à l’échelle des Alpes occidentales. D’ordinaire, de tels "vallums" morainiques sont réservés aux petits glaciers d’altitude dont les eaux engendrent un ruissellement trop diffus pour être capable de déblayer les accumulations détritiques proglaciaires (par exemple le glacier du Réou d’Arsine). La fonte et le recul important du glacier d'Arsine a posé dans les années 1980 des problèmes de rétention d'eau et donc de sécurité. le RTM a ainsi mené des travaux pour faire baisser le niveau des lacs dont le volume faisait craindre une rupture de la moraine et donc un risque d'inondation du village du Casset. La fonte du glacier est probablement en train de ralentir car le glacier a évolué en glacier noir et les matériaux qui le recouvrent jouent un rôle d'isolant.

Chronique d'une catastrophe annoncée

En 1985, l'alerte est donnée : un danger menace le village du Casset dans la vallée de la Guisane. Sous le front du glacier d'Arsine, un lac, né quelques décennies plus tôt, prend des proportions inquiétantes. Ses 6 ha de superficie et son volume de 800 000 m3 ne sont que provisoires : son niveau monte de 50 cm par an et il n'est plus qu'à 2 m du bord. L'eau ne peut s'échapper, retenue derrière une moraine rendue imperméable et fragile par la présence de glace morte. L'affaire prend des allures de scénario catastrophe avec plusieurs risques envisagés comme la rupture de la moraine ou encore un débordement qui ravagerait tout le vallon dans une lave torrentielle. Dans l'urgence, des travaux sont entrepris avec succès au printemps 1986 pour abaisser et stabiliser le niveau de l'eau. Le lac est aujourd'hui encore sous surveillance.

A lire

Au centre de documentation du Parc national des Ecrins :

  • Prospection gravimétrique du glacier d'Arsine, thèse, ECHEVIN M, Laboratoire de glaciologie du CNRS, 65 p., 1970
  • Suivis glaciologiques dans les Ecrins 1997, rapport, REYNAUD L., Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'Environnement, 36 p., 1997

 

Les glaciers - cahier thématique

Territoire Écrins est un pari pour partager à la fois des connaissances scientifiques, une réalité de terrain et l’expérience humaine de ceux qui sont en charge de la connaissance et de la préservation d’un territoire. Les glaciers des Écrins sont au coeur des préoccupations du montagnard d’aujourd’hui comme d’hier. Prenant la suite d’illustres prédécesseurs, savants, guides, forestiers, le Parc national des  Écrins associé au Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l’Environnement mesure, évalue et raconte. Une vraie aventure des temps modernes qui participe à un travail en réseau pour tenter de répondre à la question du devenir des glaciers et des conséquences du réchauffement climatique. Toute une équipe, pourtant peu habituée à écrire, a voulu témoigner et faire partager ses modestes connaissances sur les glaciers des  Écrins.

Glacier d'Arsine © Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins
Glacier d'Arsine vu depuis l'amont - lacs d'Arsine - Combeynot sud - fonte du glacier - réchauffement climatique © Claire Broquet - Parc national des Ecrins
Site d'Arsine - 2012 © Hélène Quellier - Parc national des Ecrins
Site d'Arsine - 2010 © Eric Vannard - Parc national des Ecrins
Site d'Arsine - 2011 © Hélène Quellier - Parc national des Ecrins