Une histoire écrite et illustrée par les élèves de l'école de Vallouise-Pelvoux en lien avec le projet Jeunes découvreurs construit avec le Parc national des Ecrins
Je vais te raconter mon histoire, depuis mon enfance jusqu'à ce grand malheur.
Je suis un arbre de la famille des résineux. Juste avant l'hiver, je deviens jaune puis tout roux et je perds toutes mes aiguilles. Ma sève sent fort.
Tu l'auras deviné maintenant, je suis un mélèze.
Je suis né dans la plus haute montagne, sur le plus froid des versants.
Au début du printemps, je me suis senti libre et plein de vie, mon corps commençait à pousser vers le ciel.
J'étais alors tout petit et lorsque je pus enfin observer autour de moi, je me suis trouvé minuscule.
A mes côtés, il y avait une multitude d'arbres qui semblait être de ma famille. J'étais impressionné et j'avais hâte de devenir fort et puissant comme eux.
Au fil des saisons, je me suis rendu compte que je ne deviendrai pas aussi vigoureux qu'eux. Je me sentais faible, fragile.
Je ne comprenais pas. Il fallait que je sache pourquoi. Alors je décidai d'enquêter.
Par une belle journée d'été, le prince de la montagne se posa juste à côté de moi.
Il était grand et beau, majestueux.
Avec sa tête blanche, il semblait tout savoir.« - Bonjour Majesté ! Toi qui vole et vois beaucoup de choses merveilleuses, peux-tu me dire pourquoi je me sens si fébrile ?
- Mon pauvre, je le sais, comment veux-tu grandir et devenir puissant ? Il te faut voir la lumière et sentir la chaleur du soleil....
- Le quoi ? Le soleil ? Qu'est-ce que c'est ?
- C'est une énorme boule de feu qui nous permet de vivre sinon la Terre serait une énorme boule de glace... Bonne chance petit arbre !»
L'aigle, cet oiseau merveilleux, s'envola vers le soleil. Je le regardais tant que je pouvais.
Je compris alors que je devais trouver ce soleil ! Cela devint ma principale occupation, comme un rêve.
J'ai alors eu l'idée de me renseigner auprès de mon voisin qui avait réussi à devenir vaillant.
« - Et oh, le géant, tu me vois ? Tu m'entends ?
- Que veux-tu moustique ?
- Comment as-tu fait pour pousser aussi vite et devenir aussi grand ?
- Je n'ai pas à te répondre...Sais-tu que je suis le roi de la forêt depuis des siècles ? »
La colère m'envahissait. Je voulais absolument voir le soleil. Et le roi de la forêt ne m'en empêcherait pas !!!
Un beau jour, alors que j'allais fêter mes quarante ans, j'entendis des craquements de branches.
Quand j'aperçus un groupe d'hommes équipés de tronçonneuses, de haches et de scies.
Parmi eux, il y avait comme un chef qui marquait les arbres avec une croix rouge à la bombe.
Il s'approchait de plus en plus de mon voisin, le roi de la forêt et l'aspergea de sa peinture rouge.
Peu de temps après, les autres se mirent au travail, les outils faisaient un vacarme infernal et d'un coup mon voisin tomba au sol dans un bruit à en faire trembler la terre.
Je me retrouvai tout à coup dans une lumière éblouissante, et une douce chaleur. Un sentiment de joie, de bonheur, de bien être m'envahissait.
A ce moment là, je compris enfin les paroles de l'aigle et je découvris alors le soleil.
Depuis ce jour, je sentis une force, une puissance en moi. Je grandissais à une vitesse incroyable.
J'avais réalisé mon rêve, connaître le soleil...
A présent, tout allait parfaitement bien. J'étais habité par plein de compagnons, symbole de ma puissance. J'étais devenu un véritable hôtel – restaurant.
Mais un soir d'hiver, pendant que je regardais un bouquetin, une énorme avalanche de neige s'écroula sur moi. Je luttais en espérant survivre.
Au bout d'une heure de combat, le calme revint. J'étais chamboulé et après quelques instants je repris mes esprits.
J'étais toujours en vie ! Malheureusement, je me sentis faible au fur et à mesure que le temps passait. Je n'arrivais plus à respirer correctement ni à boire et à manger.
Quelques années passèrent mais j'allais de plus en plus mal, mes branches étaient de plus en plus lourdes.
Juste à côté de moi, un refuge était en construction.
Des bruits familiers m'arrivaient aux aiguilles. Ils ressemblaient étrangement au jour où le roi de la forêt tomba à jamais. Ces bruits et ces voix étaient de plus en plus forts.
C'est là que je compris que j'allais mourir.
Une douleur atroce m'emporta dans un sommeil éternel.
Fin
Pour en savoir plus, voir aussi dans l'espace Jeunes découvreurs A Vallouise-Pelvoux : arbres, forêt et vie sauvage