Royaume : Restauration et médiation sur des habitats et espèces à enjeux

-A A +A

Le projet Royaume vise à préserver des espèces végétales endémiques des Alpes (reine des Alpes, fritillaire de Moggridge) et des habitats de l’espace pastoral (pelouses nivales, pelouses de crêtes).

Reines des Alpes © Bertrand Bodin - PNE

Contexte

Le projet Royaume concerne les espaces agropastoraux de montagne. Ces zones agricoles et d'élevage de montagne combinent une grande richesse biologique et des fonctionnalités complexes (agricole, écologique, économique...). Elles ont connu d'importantes transformations (déforestation, déprise agricole) et aujourd’hui, elles n'échappent pas aux effets multiples et en cascade du changement climatique qui frappe encore plus durement la haute montagne. Ainsi, les espèces et les habitats naturels des espaces agropastoraux subissent en quelque sorte une double peine : mutations des pratiques agropastorales et effets du réchauffement climatique.

Alpage - Pastoralisme à la Pourrachière - Vallon de Rouanne © Marc Corail - PNE Les gestionnaires d’espaces protégés (pour le présent projet, Parc national des Écrins, Parc national du Mercantour, Parc national de la Vanoise et Asters, le conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie) et les éleveurs des territoires travaillent non seulement à la préservation des espèces et des milieux naturels, mais aussi au maintien de l'activité agropastorale, économie locale de montagne. Ce savant équilibre basé sur les principes de solidarité écologique et socio-économique contribue, lorsqu'il est bien mené, à la stabilité des espaces naturels.

Enjeux et objectifs

Malgré ce travail de longue haleine, certaines espèces endémiques telles que la reine des Alpes et la fritillaire de Moggridge, et des habitats emblématiques (pelouses nivales et de crêtes) connaissent une évolution alarmante : régression des effectifs et/ou des surfaces. La brutalité de cette régression et la forte charge symbolique de la reine des Alpes et de la fritillaire de Moggridge, impliquent de la réactivité et obligent les partenaires du projet et les éleveurs à une forte mobilisation pour agir collectivement et concrètement pour préserver les espèces végétales endémiques des Alpes (reine des Alpes et fritillaire de Moggridge) et des habitats de l’espace pastoral (pelouses nivales et pelouses de crêtes).

Forts de ce constat, les partenaires du projet Royaume ont élaboré un programme qui s’organise en 4 actions.

Action 1 : Approfondissement des connaissances pour agir en faveur des espèces et des habitats ciblés

Alpage sentinelle du Distroit - relevés botaniques - Châteauroux les Alpes - Embrunais © Mireille Coulon - PNE Il s’agit dans un premier temps d’étudier le lien entre les pratiques agricoles ou pastorales et la biodiversité pour définir un indicateur de bon équilibre agro-écologique. Puis, dans un second temps, de collecter et d’analyser les données nécessaires à l’identification des futures interventions de restauration ou de mise en œuvre de mesures de gestion conservatoire (inventaire, étude du suivi démographique et analyse cartographique des populations de reines des Alpes, de fritillaires de Moggrigde, des pelouses nivales et de crêtes).

Action 2 : Médiation avec les socioprofessionnels de l’agriculture et du pastoralisme

Troupeau d'ovins au lac Jumeau - Pastoralisme © Rodolphe Papet - PNE Un des piliers de ce projet est la médiation avec les socioprofessionnels de l’agriculture et du pastoralisme pour les impliquer dans la conservation des espèces et des milieux via des chantiers partagés. Il est primordial de co-définir en amont les chantiers de restauration et de gestion conservatoire à mettre en œuvre. Une analyse du réseau d’acteurs impliqués directement ou indirectement dans la préservation des espèces et des milieux sera menée pour lever les freins à leur sauvegarde (étude socio-économique).

Action 3 : Restauration et mise en œuvre de conditions favorables aux espèces et habitats par l’implication citoyenne

La mise en œuvre d’actions concrètes et expérimentales s’effectuera grâce à des chantiers partagés d’ensemencement et de plantation, impliquant les agriculteurs, les scolaires, le grand public et plus particulièrement le public en situation de handicap et leurs accompagnants. Seront également menés des travaux d’ouverture de milieux, des tests de fertilisation, et en partenariat avec les groupements pastoraux, des systèmes de mise en défens de zones sensibles et l’adaptation des calendriers de pâturage ou de fauche.

Action 4 : Développement du concernement par l’implication citoyenne, les sciences participatives et la sensibilisation des générations actuelles et futures

La sauvegarde de la biodiversité est l’affaire de tous. Au-delà des chantiers partagés, des animations scolaires et grand public seront programmées. Sont également prévues des interventions dans les lycées agricoles et centres de formation professionnelle pour former les futurs agriculteurs et bergers à la protection de la biodiversité.

Réalisation d'un podcast sur la découverte de la reine des Alpes par un public malvoyant © Olivier Sabatier - PNE

Enfin, de façon plus générale, des actions de valorisation du projet et des résultats sont prévues et permettront de mettre en valeur l’implication des acteurs du projet, les réalisations et de toucher toutes les catégories des parties prenantes du projet grâce à un plan de diffusion et des temps de rencontre programmés :

  • Organisation d’un évènement de restitution finale dédié au public socio-professionnel de l’agriculture et du pastoralisme, du monde de la recherche, des élus locaux, des institutionnels, des gestionnaires d’espaces protégés,
  • Diffusion de podcasts et d’un photo film réalisés lors des chantiers de restauration,
  • Édition d’une synthèse multimédia qui centralisera les rapports d’études, les expériences pilotes testées, les réalisations sous toutes les formes possibles.

Partenaires du projet

  • Parc national des Écrins
  • Parc national du Mercantour
  • Parc national de la Vanoise
  • Asters, le conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie

Durée du projet

Il s’agit d’un projet ambitieux mixant études, médiation, restauration et sensibilisation, programmé sur 4 ans, qui a commencé au 1er juin 2025 et se terminera au 30 mai 2029.

Financement du projet

Budget total : 1 195 085 €

Budget Parc national des Écrins : 374 943 € - FEDER Massif des Alpes : 60 % - Région Sud : 10 % - État FNADT : 10 % - GMF