Y'a t-il des fuites aux lacs d'Arsine ? En quelque sorte... Pour la première fois cette année, depuis le début juillet, le niveau des eaux des lacs est resté en deçà du niveau du chenal d'évacuation, créé en 1986 alors que l'on craignait un débordement. De fait, le plus récent des lacs est presque à sec.
Deux facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Tout d'abord, la fonte du glacier est probablement en train de ralentir car le glacier a évolué en glacier noir et les matériaux qui le recouvrent jouent un rôle d'isolant.
Pourtant, cette année, le mois d'aout a été particulièrement chaud et des débits importants ont été observés dans le torrent du Petit Tabuc. Si le niveau n'est pas monté, c'est que les eaux ont donc trouvé un nouveau cheminement à travers la moraine.
La farine glaciaire qui comble petit à petit le fond des lacs ne l'a peut être pas encore rendu aussi étanche que son grand frère...
Le site d'Arsine, en octobre 2012
Ci-dessous, en septembre 2002 et juillet 2011
Depuis près de 40 ans les glaciers des Alpes ont perdu plus de 25% de leur superficie. Le glacier d'Arsine, comme l'ensemble des glaciers du Sud des Alpes n'échappe pas à cette règle. Son recul, engagé depuis les années 50, a tout d'abord fait naître un lac. En 1986, son importance faisait craindre une rupture de sa moraine frontale et un exutoire a été créé.
Les gardes-moniteur du secteur du Briançonnais suivent l'évolution de ce site glaciaire. La fonte et le recul du glacier se sont accélérés ces dernières années : un second lac, parallèle au premier, puis deux autres de tailles beaucoup plus modestes.
Octobre 2004 et septembre 2008
Depuis le lieu-dit "le bivouac" situé à l'entrée du site, à l'emplacement de l'ancienne cabane "des glaciologues' à la confluence entre l'exutoire et le déversoir du lac le plus récent.
Octobre 2010 et juillet 2011
Octobre 2012
Aujourd'hui, il n'y a plus de risque de débordement car le chenal régulateur évacue l'eau de fonte à la manière d'un trop plein. Pour autant, le suivi de l'évolution du site permet de comprendre le fonctionnement hydrologique des lieux.
Les marques rouges sur les rochers indiquent les positions des relevés pour les mesures des niveaux des lacs (S pour le lac «Ouest» et P pour le lac «Est»).
Des mesures de niveaux des lacs sont réalisées entre juin et octobre par les gardes-moniteurs. En octobre, le lac le plus ancien a pratiquement la même hauteur chaque année, et le plus jeune est parfois quasiment sec.
Pour en savoir plus sur les lacs du Parc national des Ecrins, lire aussi :
De la vie dans les lacs glaciaires ? - octobre 2011
Dans le cadre du programme "lacs sentinelles", les premières mesures ont été réalisées dans les lacs d'Arsine, sous la houlette de l'ONEMA. Elles se poursuivent aussi au lac du Pavé qui, depuis l'an dernier, a perdu son névé.
La machine à remonter le temps - juin 2011
Des chercheurs ont prélevé une carotte d'environ 15 mètres de sédiments au fond du lac du Lauvitel, avec l'aide d'agents du Parc national des Écrins. L'objectif : reconstituer l'histoire du site...
Un pavé dans le lac - août 2010
Jeu de mot facile pour retracer le travail au lac du Pavé, consistant à mesurer différents paramètres comme la température, les dimensions du lac, le zooplancton, les sédiments...
Des lacs sentinelles dans les Alpes - novembre 2010
Les premières bases d'un réseau de suivi des lacs de montagne ont été posées lors du séminaire technique organisé dans les Écrins au début du mois. Gestionnaires et universitaires ont défini ensemble les priorités et actions à mettre en œuvre.
Le dossier : Les lacs, miroirs fragiles des Écrins
Au même titre que les glaciers, les lacs sont emblématiques des paysages de montagne. Patrimoine esthétique et touristique inestimable, ils constituent également une ressource en eau qui mérite toute notre attention.
