Bilan décevant pour le glacier Blanc

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Malgré une très belle accumulation de neige cet hiver et surtout ce printemps, le glacier Blanc continue son inexorable recul. C’est le triste constat du bilan de masse réalisé comme chaque année en début d’automne par les équipes du Parc national et de l'INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Mesures d'ablation sur le glacier Blanc - © M. Bouvier - PNE - 58 centimètres d’équivalent en eau en 2021

Avec les grosses chutes de neige du printemps, la 3e plus forte accumulation de neige depuis 2000 et le mauvais temps de juillet, tous les espoirs étaient permis. Espoirs déçus cependant au lendemain des résultats du bilan de masse du glacier Blanc : ce géant des Alpes a continué à perdre du poids en 2021. Ce sont 58 centimètres d’équivalent en eau qui ont disparu cet été, contre « seulement » 29 centimètres l’année dernière.

Emmanuel Thibert, ingénieur à l’INRAE, nous explique : « Cette année, l’enneigement maximum sur le glacier Blanc a été très tardif, il a été atteint début juin. Mais la fonte aussi a été tardive, avec une perte de glace encore soutenue en septembre. » En cause : des températures diurnes assez élevées conjuguées à des nuits douces avec peu de regel. « La fonte commençait tôt le matin, et parfois même continuait la nuit », complète Emmanuel. C’est donc une accumulation de facteurs et non un élément prédominant qui a conduit à ces mauvais résultats.

À l’altitude du front du glacier (2 400-2 500 mètres), le constat est sans appel : la fonte cumulée a été très forte sur août et septembre, avec 70 centimètres de glace perdus tous les 15 jours.

Quid de la couche de sable de l’hiver dernier ?

Dépôts de sable saharien au Monêtier-les-Bains, février 2021 - © C. Coursier - PNE Dépôts de sable saharien au Monêtier-les-Bains, février 2021 - © C. Coursier - PNE

Pour rappel, du sable venu du Sahara s’est déposé sur la neige des Écrins et des Alpes le week-end des 6-7 février 2021. Recouvert par les chutes de neige de la fin de l’hiver et du printemps, il est progressivement réapparu en surface pendant l’été. Cette couche de sable découverte a également joué un rôle dans la fonte accélérée de la neige au glacier Blanc. Emmanuel Thibert nous explique : « Le manteau neigeux recouvert de sable absorbe plus les rayons du soleil, soit environ 33 % d’énergie solaire en plus que la neige « propre ». L’albédo, qui est le rapport entre l’énergie solaire qui arrive et celle qui est réfléchie, est de 0,53 avec le sable contre 0,65 environ sans le sable. » La neige recouverte de sable a donc fondu plus rapidement. On estime avec des calculs de bilan d’énergie qu’elle aurait mis environ 6 jours de plus pour disparaître sans cette couche de sable présente en surface.

Dépôts de sable saharien au glacier Blanc, juillet 2021 - © D. Haxaire Cette disparition plus précoce de la neige a également exposé plus précocement la glace en-dessous. Et celle-ci fond beaucoup plus vite que la neige, car elle aussi (comme le sable !) a un albédo plus bas que la neige. « Ainsi, la glace apparue 6 jours plus tôt a été protégée un peu moins longtemps par la neige de l’hiver, commente Emmanuel. On a pu calculer que cela a provoqué un bilan plus déficitaire d’environ 20 centimètres de glace. »