
Une météo compliquée ce printemps
Mylène Bonnefoy, glaciologue à INRAE et responsable des campagnes de mesures, retrace le contexte des mesures du printemps : « Cette année, les mesures ont été faites en deux fois du fait de la météo compliquée : les 2-3 mai et les 6-7 juin. Pendant la première campagne, nous avons relevé toutes les balises sur le plateau d’accumulation du glacier. Puis nous avons dû attendre plus d’un mois pour pouvoir relever les balises dans la pente sous la brèche Lory, car la face nord-est s’est enneigée très tard et était difficile d’accès. »
Un enneigement tardif mais salvateur
C’est d’ailleurs ce qui caractérise l’hiver-printemps 2022-2023 : la neige arrivée tardivement. Ce phénomène n’est pas nouveau, comme l’explique la glaciologue : « Déjà en 2020 et en 2021, on a observé un enneigement très tardif au printemps au-dessus de 3 000 m. Ça complique les campagnes de mesures, qu’on doit parfois repousser pour chercher le maximum de l’épaisseur du manteau neigeux. »
Quoiqu’il en soit, on est loin de la situation de l’an dernier, où la neige recouvrant le glacier Blanc avait déjà entièrement fondu début juin. « Avec 1 m 51 d’eau accumulé, cette année se situe pile dans la moyenne des mesures depuis 20 ans, confirme Mylène. Par contre, du fait de l’enneigement tardif, le manteau n’a pas eu le temps de se tasser. On a donc une neige peu dense, de l’ordre de 380 kg par m³, avec beaucoup d’air dedans. »
Comme l’année dernière toutefois, un élément pourrait avoir un impact fort sur la fonte de cette neige. Mylène explique : « Encore cette année, on trouve dans le manteau neigeux une couche de sable tombé en début d’hiver. Une fois mise à découvert, la neige de surface, plus sombre par la présence de ce sable, emmagasinera plus d’énergie et fondra plus rapidement. »
Prochain rendez-vous début août
La prochaine visite du glacier Blanc par les agents du Parc et les glaciologues est prévue début août, pour mesurer les premières valeurs de fonte du glacier pendant l’été. « Nous en profiterons aussi pour repositionner les balises, précise Mylène. Avec la fonte de la glace, elles se rapprochent progressivement de la surface et finissent par être éjectées. On notera leurs coordonnées GPS qui nous permettront de mesurer la vitesse de déplacement du glacier sur l’année. »
Comme chaque année, un grand merci à Damien Haxaire, le gardien du refuge des Écrins, pour l'accueil de l'équipe et l'aide logistique, et au PGHM pour la dépose des agents sur la face nord-est de la barre des Écrins.