Une météo compliquée ce printemps
Emmanuel Thibert, glaciologue à l’IGE, retrace le contexte des mesures du printemps : « Cette année, les mesures ont été faites de manière tardive du fait de conditions hivernales persistantes en haute montagne et en deux fois du fait de la météo compliquée : les 28-29 mai et les 12-13 juin. Pendant la première campagne, nous avons réalisé les carottages et installé toutes les balises sur le plateau d’accumulation du glacier. Puis nous avons dû attendre deux semaines pour pouvoir compléter le réseau de mesure de la face nord-est des Écrins jusque sous la brèche Lory. »
Un enneigement particulièrement remarquable
C’est d’ailleurs ce qui caractérise cette saison d’accumulation 2023-2024 : un glacier qui s’est enneigé de manière conséquente dès la mi-octobre, au moins en ce qui concerne le plateau d’accumulation ; la face nord-est des Écrins s’est enneigée avec les précipitations tardives de ce printemps, phénomène que l’on a, à l’inverse, déjà observé en 2020, 2021 et 2023 au-dessus de 3 000 m. Les hauteurs de neige mesurées sont assez spectaculaires : de presque 4 m au front, entre 6 et 8 m sur le plateau d’accumulation et jusqu’à 9 m dans la face nord-est. Un tel enneigement n’a été observé qu’en 2001 et, selon nos premiers calculs, ne s’observerait qu’une à deux fois par quart de siècle.
Prochain rendez-vous début août
La prochaine visite du glacier Blanc par les agents du Parc et les glaciologues est prévue en août, pour mesurer les premières valeurs de fonte du glacier pendant l’été. « Selon l’enneigement restant, nous serons peut-être obligés de décaler cette mission après la mi-août, ce qui serait de bon augure pour le glacier », précise Mylène Bonnefoy-Demongeot, glaciologue à l’IGE. « C’est l’occasion aussi de remplacer quelques balises d’ablation, rappelle Emmanuel. Avec la fonte de la glace, elles se rapprochent progressivement de la surface et finissent par être éjectées. On enregistre également chaque année leurs coordonnées GPS qui nous permettent de mesurer la vitesse de déplacement du glacier sur l’année. »
Comme chaque année, le Parc national et l’IGE tiennent à remercier chaleureusement Damien Haxaire, le gardien du refuge des Écrins, pour l'accueil de l'équipe et l'aide logistique, et le PGHM pour la dépose des agents sur la face nord-est de la barre des Écrins.