
Dernière étape d’une reproduction réussie
120 jours passés à grandir, prendre du poids, bien alimenté par ses jeunes parents, puis s’essayer à quelques battements d’ailes. Puis ça y est, par la belle matinée du 1er août, le gypaéton du Valgaudemar a pris son envol et quitté le nid accroché 800 mètres au-dessus de la vallée. Régis Jordana, technicien du patrimoine dans le Valgaudemar, raconte : « Trois pas sur la gauche, deux vers l'avant, une impulsion et enfin la liberté ! En apparence, la maîtrise est au rendez-vous avec un vol rectiligne quasi parfait. Mais voilà qu'au bout de quelques dizaines de mètres, le cap est donné plein ouest. Pourquoi ? Lui seul le sait. Direction… un petit bosquet de hêtres perché sur la crête ! » Rapidement retrouvé par ses parents, le petit gypaète (en âge, car il a déjà sa taille adulte, près de 3 mètres d’envergure !) devrait désormais être nourri sur place et guidé pour s’envoler de nouveau puis s’émanciper.
Une très bonne nouvelle pour l’espèce
Ce premier envol, s’il est souvent synonyme d'atterrissage périlleux, marque la réussite de la reproduction des gypaètes. Une réussite d’autant plus notable qu’il s’agit du premier gypaéton né dans le Valgaudemar depuis la quasi disparition de l’espèce il y a plus de 100 ans. Sur les 45 couples reproducteurs dans les Alpes, de la Slovénie au Mercantour, on en trouve aujourd’hui trois dans les Écrins. Une très bonne nouvelle, comme se réjouit Régis : « Il n’y a jamais eu de lâchers de gypaète dans les Écrins, et pourtant, il est là ! C’est un symbole, un peu comme le loup. Le gypaète barbu est à la fin de la chaîne alimentaire, donc si il est là, c’est que tout va bien et que l’équilibre est bon. »
Le début d’une nouvelle aventure
Tout n’est pas gagné pour autant, comme l’explique Régis : « Les parents commenceront la recharge du nid pour une nouvelle reproduction fin octobre-début novembre, donc chasseront le petit à ce moment-là. Il ne sera adulte qu’à 7 ans, beaucoup de choses peuvent arriver d’ici là. » On souhaite donc tout le meilleur pour ce rejeton qui devrait découvrir les Alpes au gré de ses errances aériennes, avant qui sait, de revenir s’installer dans une vallée des Écrins...
Des bénévoles très impliqués
Le Parc national tient à remercier chaleureusement toutes les personnes impliquées ponctuellement ou régulièrement dans le suivi de cette reproduction, et en particulier les bénévoles de l’association Envergures alpines et les passionnés de l’espèce qui ont scruté des jours durant les moindres faits et gestes du petit prêt à décoller.
Trois gypaétons à l’envol en 2024
Puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, ce n’est pas un mais trois petits gypaètes barbus qui ont pris leur envol dans les Écrins en 2024. Un record depuis le retour de l’espèce dans le massif ! C’est le gypaéton de la haute Romanche qui a ouvert le bal, avec un envol estimé le 18 juin, suivi de près par le gypaéton du Vénéon, autour du 22 juin.