Les lacs de Pétarel sous toutes les coutures

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Le vairon, un petit poisson introduit au lac de Pétarel pour servir d’appât pour la pêche, colonise depuis quelques années les deux mares reliées au lac. Pour mesurer l’impact de ce nouvel arrivant, le Parc national et ses partenaires mènent une étude depuis 2022. Les premiers résultats ont été présentés lors d’une conférence à La Chapelle-en-Valgaudemar le 14 juin dernier.

Le lac de Pétarel © D. Roche - PNE

Pétarel, l'un des 5 lacs sentinelles des Écrins

Le vairon, un colonisateur efficace

Dans le cadre du réseau alpin Lacs sentinelles, les lacs de Pétarel sont suivis scientifiquement par le Parc national depuis bientôt 20 ans. En 2009 puis 2017, des agents du Parc remarquent pour la première fois la présence de vairons dans les mares à côté du lac principal. Ces petits poissons fréquemment utilisés pour servir d’appât aux pêcheurs ont la particularité de se développer rapidement dans les lacs, même ceux qui n’ont jamais été empoissonnés. Clotilde Sagot, chargée des mesures physiques au Parc national, raconte : « Au début, on n’avait que quelques individus sur le bord des lacs. Aujourd’hui, on a des concentrations de vairons beaucoup plus importantes, avec des bancs qu’on observe facilement sur le littoral. » Les lacs de Pétarel ne sont pas un cas isolé : la présence de vairons a également été avérée dans d’autres lacs de montagne des Hautes-Alpes. Leur capacité à coloniser de nouveaux plans d’eau semble par contre plutôt récente.

Vairons dans le lac de Pétarel © D. Vincent - PNE

Concentration de vairons au lac Pétarel

Quel impact sur les milieux aquatiques ?

Prospection des vairons, tritons et libellules autour de Pétarel © C. Sagot - PNE Ce phénomène étant relativement nouveau et peu documenté, l’Université d’Aix-Marseille et le Parc national ont dressé en 2022 un bilan de l’état des différents lacs et mares du vallon et des connexions entre eux. L’objectif : vérifier la présence des vairons et estimer les possibilités de colonisation des autres plans d’eau. Comme l’explique Clotilde, « cette première étude a permis d’attester la présence de vairons dans les deux mares reliées au lac principal de Pétarel, la mare amont et la mare aval, ainsi que dans l’exutoire, jusqu’à 200 à 300 mètres en-dessous du lac. Elle a aussi permis de mieux comprendre où se trouvent les différentes espèces et où il peut y avoir des interactions entre elles. » Car l’idée in fine est bien d’évaluer l’impact du vairon sur les milieux aquatiques et les espèces de la trame turquoise, comme le triton ou les libellules.

En 2023, un deuxième volet de l’étude est en cours, comme le détaille Clotilde : « À partir de prélèvements réalisés l’été dernier, des analyses sur les organismes aquatiques et les contenus stomacaux des vairons doivent permettre de comprendre comment le vairon se nourrit dans les différents plans d’eau. » Les résultats définitifs de ces analyses sont attendus en 2024 et pourront aboutir si nécessaire à des préconisations de gestion. Pour cette deuxième phase, le Parc national a bénéficié du soutien de l’agence de l’eau Rhône-Méditerrannée-Corse, de l’OFB (Office français de la biodiversité) et de la fédération de pêche haut-alpine, tous trois intéressés par le sujet.

Tritons alpestres © D. Vincent - PNE Aeschne des joncs en train de pondre © E. Vincent - PNE

À gauche, des tritons alpestres. À droite, un æschne des joncs en train de pondre.

Une première restitution des connaissances au grand public

Conférence sur les lacs de Pétarel et les lacs d'altitude © M. Janel - PNE Les résultats du premier volet de l’étude sur les lacs de Pétarel et les mares alentours ont été présentés le 14 juin à la maison du Parc de La Chapelle-en-Valgaudemar. Une cinquantaine de curieux ont assisté à cette conférence organisée dans le cadre des 50 ans du Parc national et d’Écrins, terre de science. L’équipe de Laurent Cavalli (Université d’Aix-Marseille) est ainsi revenue sur 18 ans de suivi des lacs de Pétarel, sur l’étude en cours sur l’état des plans d’eau, et plus largement, sur le fonctionnement des lacs de haute altitude (présentation consultable en bas de page). Une présentation complétée par l’intervention de Marc Corail, garde-moniteur, sur les populations de tritons dans le parc national.

L’an prochain, une autre restitution, de l’ensemble des résultats de l’étude cette fois, sera proposée aux habitants de la vallée et aux partenaires du Parc national afin de partager les résultats de l’étude et discuter de la mise en place éventuelle de mesures de gestion.

 

 

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