
On évoque régulièrement les difficultés de réalisation de certains chantiers en raison de la présence d'espèces protégées, nommées "crapaud" ou autre "petite fleur". La concertation peut permettre de prendre en compte les contraintes écologiques, au même titre que les autres. C'est de cette manière que le chantier d'adduction d'eau potable de Saint-Maurice en Valgaudemar a pu être mené à bien.
Pour remplacer l'ancien captage dont les taux d'arsenic étaient supérieurs aux nouvelles normes, la commune était contrainte de créer un nouvel équipement.
Quand le Conservatoire Botanique Alpin et le Parc national ont pris connaissance du projet, ils ont constaté que la conduite allait passer dans le domicile de la Circée des Alpes.
Or, il s'agit de l'unique station où l'on peut trouver cette espèce dans toute la région PACA (deux autres stations jamais retrouvées furent notées dans la forêt voisine de Gap-Chaudun et dans une forêt du Mercantour). La Circée est de ce fait protégée et sa prise en compte par la commune était incontournable.
La découverte de la circée a été une "surprise" qui n'a pas manqué d'inquiéter Daniel Alluis, le maire de la commune : "cette contrainte risquait de pertuber le projet".
La concertation entre la commune, le Conservatoire Botanique et le Parc national a permis aux services instructeurs (DDT et préfecture) de retenir la solution la moins pénalisante pour installer la conduite d'eau.
"Cette opération est vraiment exemplaire du travail qui peut être mené entre le Parc national et une commune adhérente" analyse aujourdh'ui Daniel Alluis, soulagé de la manière dont la collaboration s'est déroulée et soulignant notamment le suivi réalisé par Jean-François Lombard, le chef de secteur du Valgaudemar tout au lond de l'opération.
Si la piste d'accès aux engins a pu être modifiée afin d'éviter la plante, la faible pente ne permettait pas de dévier la canalisation elle-même. C'est pourquoi le Parc national a proposé de réaliser une tranchée à la main en protégeant le sol et la Circée pendant la traversée du site où elle est installée.
Le Parc a apporté à la commune un accompagnement technique ainsi que l'appui de ses ouvriers pour aider l'entreprise à réaliser cette partie du chantier.
Le sol, assez meuble, a grandement facilité les travaux. Il a pourtant fallu meuler deux gros blocs en petits morceaux afin de dégager un espace pour la conduite...tout en évitant de déstabiliser le sol !
"L'intervention manuelle réalisée avec la mise à disposition de personnels du Parc a permis de ne pas occasionner de surcoût. Le projet a abouti, la réglementation est respectée et la circée devrait y trouver son compte puisque la nouvelle piste sera utilisée comme sentier alors que l'itinéraire précédent traversait la station" conclut Daniel Alluis, satisfait.
D'une manière générale, l'idéal étant de mobiliser toutes les compétences et les connaissances le plus en amont possible des projets, les habitudes de travail en commun facilitent toutes ces démarches.
Le Parc national réalisera un suivi l'année prochaine, en espérant qu'avec ces précautions, la Circée des Alpes va continuer de s'épanouir dans ce secteur...