Des mesures sur le glacier Blanc… et une avalanche !

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Une équipe de scientifiques était présente la semaine dernière sur le glacier Blanc. Leur objectif ? Cartographier le relief situé sous le glacier pour connaître les épaisseurs de glace en différents points. Ils ont donc été aux premières loges pour assister à la chute de séracs (spectaculaire !) en contrebas du dôme des Écrins le 31 mars...

Mesures radar au glacier Blanc - © J. Charron - PNE Mesures radar au glacier Blanc - © J. Charron - PNE

Des moyens de mesure originaux !

L'opération consiste à réaliser des relevés sur l'épaisseur du glacier Blanc pour cartographier la forme du lit rocheux (le relief sous le glacier). Pour ce faire, commence alors une curieuse parade de groupe. Deux pulkas sont tractées. La première contient le GPS et un émetteur d'ondes radar. La seconde pulka récupère les ondes émises par l'émetteur après leur trajet vers le fond du glacier et leur retour au récepteur après avoir été réfléchie par la roche à la base du glacier. Des personnes de chaque côté des pulkas tiennent l’extrémité des antennes qui doivent rester bien perpendiculaires à la trace à suivre. Rigueur obligatoire !

Le moment choisi, fin mars - début avril, est tôt en saison pour avoir de la neige sur le glacier et ne pas peiner à tirer les pulkas sur un glacier plus chaotique en fin d'été…

Mesures radar au glacier Blanc - © J. Charron - PNE Cette mission a été réalisée à l'initiative de l'institut des géosciences de l'environnement, épaulé par l'INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) pour la partie géolocalisation, et par le Parc national des Écrins pour la logistique, la sécurité et pour participer à la traction des deux pulkas ! Sont aussi chaleureusement remerciés la FFCAM qui a permis de stocker du matériel dans le refuge des Écrins, et Damien Haxaire, le gardien, pour sa disponibilité.

Des données précieuses pour estimer l’évolution future du glacier

Mesures radar au glacier Blanc - © J. Charron - PNE Ces relevés ont été faits pour 17 profils transversaux depuis le col des Écrins à 3 350 mètres jusqu'à l'amont du front du glacier vers 2 850 mètres. Ces profils représentent une distance cumulée de 14 km d'acquisitions continues.
Les données recueillies, après un traitement complexe, permettront de connaître les épaisseurs du glacier au niveau de chaque profil ainsi que la forme du lit rocheux. La fonte du glacier Blanc étant inéluctable, ces données permettront de mieux modéliser la perte en épaisseur lorsque le recul atteindra le plateau glaciaire.

À noter que des mesures des épaisseurs avaient déjà été faites au glacier Blanc en 1968 pour deux profils situés au niveau du refuge des Écrins. A l'époque, la technique utilisée était la sismique réflexion : des explosions étaient réalisées en bordure du glacier et des séries de capteurs étaient disposées sur le glacier pour enregistrer le temps de parcours des ondes… Ces deux profils « historiques » ont été remesurés durant la campagne de 2021.

Les résultats sont attendus en fin d'année, mais un premier aperçu des données laisse présager d'une épaisseur maximale de près de 300 mètres.

Une mission ponctuée par une impressionnante chute de séracs

Mercredi 31 mars, l’équipe de scientifiques avait débuté ses va-et-vient lorsqu’une chute de séracs sous le dôme des Écrins a déclenché une importante coulée de neige dans la face nord et les a momentanément enfermés dans un brouillard givré ! Une des scientifiques a ainsi pu réaliser une vidéo de cet instant particulièrement impressionnant.

D’autres blocs de glace étant encore en équilibre au-dessus de l’itinéraire de ski de randonnée, toute ascension du dôme des Écrins est fortement déconseillée.