Prairies fleuries : un concours agricole national !

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Pour le Parc national des Écrins, c'est le site de la haute-Romanche qui a été retenu. Les agriculteurs de ce secteur pourront soumettre des parcelles de leur exploitation au jury qui expertisera, début juillet, la richesse en espèces de leurs prairies de fauche.

Les agriculteurs comptent parmi les acteurs du maintien de la biodiversité. Le concours agricole "prairies fleuries", dont le lancement officiel est prévu au salon de l'agriculture ce mercredi 3 mars à Paris, rappelle cette réalité agri-environnementale trop peu souvent valorisée.

Voir le compte-rendu de la conférence de presse au salon de l'agriculture à Paris

Dans le cadre de "2010, année internationale de la biodiversité", les Parcs naturels régionaux et les Parcs nationaux de France organisent avec les Chambres d'agriculture, les syndicats d'AOC fromagères, les syndicats d'apiculture et des associations de gestion et de protection de la nature ce premier concours national d'excellence agri-écologique, "prairies fleuries".

Pour la première fois en France, des prix récompenseront les agriculteurs qui relèvent le défi du maintien de la richesse en espèces de leurs prairies de fauche ou de pâture.

La haute-Romanche représentera les Écrins

Les prairies de la haute-Romanche, façonnées en terrasses face à la Meije forment un paysage d'exception qui traduit l'adaptation des hommes à la pente. Ce sont ces espaces agricoles qui, pour le Parc national des Écrins, sont proposés pour participer au concours national des "Prairies fleuries".

Assez diversifiée et encore bien présente, l'agriculture des Écrins est essentiellement tournée vers l'élevage, principalement celui des ovins pour la viande. Le cheptel bovin laitier est en forte régression, peu à peu remplacé par des troupeaux de vaches allaitantes. L'élevage de génisses laitières, caractéristique du site choisi pour le concours, est assez bien représenté dans le massif.

La Haute-Romanche se situe au nord du massif des Écrins dans le département des Hautes-Alpes.
Il compte deux communes : La Grave et Villar d'Arène qui forment un canton de 786 habitants. Les prairies couvrent essentiellement le versant de l'adret sur un substrat sédimentaire constitué de terrasses et de vallons d'altitude face à la haut2010-03-cpancienne-meijee montagne cristalline, dominée par la Meije qui culmine à 3983 m.

Environ 300 ha de ces surfaces en herbe sont encore fauchées par une vingtaine d'agriculteurs, de 1500 à 2000 m d'altitude. Le spectacle offert par ces prairies en terrasses, dans un paysage de haute montagne, est remarquable.

La diversité biologique des prairies qui composent ce territoire est notable pour plusieurs raisons :
- le site, de par sa localisation géographique, est reconnu pour sa richesse biologique. Il abrite d'ailleurs trois sites Natura 2000 : Lautaret/Combeynot, Emparis/goléon et Zone de Protection Spéciale (ZPS) Écrins, au titre de la directive "oiseaux"
- les prairies de fauche sont situées dans les étages montagnards et subalpins
- l' histoire de ces prairies est plurielle : certaines sont fauchées depuis des siècles ; d'autres ont d'abord été aménagées pour être cultivées et sont aujourd'hui fauchées.
- la fauche de ces prairies jusqu'à des altitudes élevées (2100m) est réalisée chaque année jusqu'aux premières neiges.

À noter également que les sols sont assez profonds et permettent une bonne productivité fourragère.

Malgré les caractéristiques difficiles de ces lieux, l'agriculture est encore bien présente et si le nombre d'exploitation diminue, le cheptel bovin n'a jamais été aussi important. De jeunes agriculteurs se sont encore installés ces dernières années. La production de génisses est la principale activité bovine du canton. Les bêtes sont élevées jusqu'à l'âge de 3 ans puis vendues, prêtes à vêler, aux agriculteurs de la zone Reblochon notamment. Ces mêmes exploitations ont développé ces dernières années la vente directe de viande bovine en caissettes. Quelques exploitations sont spécialisées en ovins viande. D'autres, plus récemment installées, produisent des fromages de chèvre.

2010-03-fauche-emparisLe principal enjeu agri-environnemental réside dans le maintien de la fauche des prairies.
En effet, depuis quelques années, la question de la rentabilité de la fauche se pose sur certaines exploitations face à la forte demande en pâturages pour des animaux extérieurs au canton. Certains agriculteurs ont arrêté de faucher pour prendre un statut "d'entrepreneur de garde". Bergers pendant la belle saison, ils achètent donc la totalité du fourrage nécessaire à l'hivernage de leurs bêtes. Ces mutations d'activités ne favorisent pas le maintien des terrasses, de la biodiversité mais ont également des conséquences sur la stabilité des sols. Depuis 2000, des pullulations de campagnols, accentuent ces phénomènes.

"Le concours prairies fleuries est une bonne occasion de communiquer sur le rôle de l'agriculture de montagne, élément incontournable pour le maintien de ces paysages et de la biodiversité" souligne Pierre-Yves Motte, président de la Chambre d'agriculture des Hautes-Alpes... mais aussi du Conseil économique social et culturel du Parc national des Écrins.

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L'équilibre agri-écologique... récompensé

Ce concours entend montrer que production et biodiversité peuvent se rejoindre. Il récompense le meilleur équilibre agri-écologique, décliné en qualités agronomiques, environnementales et paysagères, ou encore en qualité gustative des produits de l'élevage et de l'apiculture.

Pour apprécier ces qualités de la prairie, le concours se fonde sur des critères scientifiques pour les différents enjeux et catégories de prairies permanentes.

Un prix récompensera dans chaque catégorie, au niveau local et national, les exploitations dont les prairies présentent le meilleur équilibre entre production de fourrage de qualité et préservation de la biodiversité.

Dans le but de promouvoir une démarche simple et appropriable par tous, c'est la présence de certaines espèces de fleurs facilement reconnaissables qui sera déterminante de qualité agro-écologique de la parcelle proposée. Les prairies doivent participer pleinement au fonctionnement  fourrager des  exploitations.  Les agriculteurs pourront présenter les parcelles de leur choix, qu'ils aient ou non souscrit des mesures agri-envrionnementales dans leur Parc.

Au tout début juillet, au moment propice pour la végétation dans le secteur retenu, un jury local visitera les parcelles. Plusieurs prix pourront être attribués (pour la qualité fourragère, pour la qualité mellifère, etc....).
La parcelle gagnante au final sera celle qui présentera le meilleur équilibre entre toutes ces composantes. C'est également celle qui sera sélectionnée pour représenter le territoire au concours national.

Le jury national fera son choix à la fois sur les critères observés sur les parcelles et sur l'importance ou l'originalité de la place de la parcelle dans l'exploitation et dans le territoire.

Les Prix nationaux seront attribués en octobre 2010 lors du Congrès annuel des Parcs naturels régionaux qui se déroulera dans le Parc de la Montagne de Reims, en Champagne-Ardennes.

Pour en savoir plus, consulter le site internet "Prairies fleuries" consacré à ce concours agricole national

Renseignements
Contact au Parc national des Écrins : Muriel Della-Vedova, tél. 04 92 40 20 55
Contact à la Chambre d'agriculture des Hautes-Alpes : Jean-Luc Coussy au 04 92 52 53 14

Documents à técharger :
icon Concours Prairies fleuries 2010 - dossier de presse (1.63 MB)
icon Concours Prairies fleuries 2010 - réglement du concours (1.79 MB)

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