Dans les lacs de montagnes, c'est la période d'émergence des grosses libellules comme l'aeschne des joncs, magnifique odonate au bleu resplendissant.
A l'état larvaire, il est un redoutable prédateur aquatique.
Avec son masque facial d'Alien, la larve est capable de s'attaquer à de nombreuses proies, tétards, tritons, petits alevins...Elle n'a d'égale que la larve de dytique, autre terrible "dents de la mare" (1).
Les yeux plus gros que le ventre
"A l'émergence, lorsque l'aeschne adulte s'extrait de son exuvie, elle devient "très vulnérable, complètement molle et incapable de s'envoler avant que ses ailes n'aient séché" explique Marc Corail, garde-moniteur dans le Champsaur-Valgaudemar qui a immortalisé ce moment particulier.
"Cela peut prendre plusieurs heures et les libellules se retrouvent exposées à la revanche des tritons qui tentent alors de gober ces proies bien plus grosses qu'eux."
Les amphibiens consomment les aeschnes par l'extrémité de l'abdomen jusqu'à la base des ailes et mettent ensuite un long moment avant de sectionner le corps des libellules.
"Qu'une brise un peu forte vienne secouer la végétation où s'était hissée la libellule et voilà notre triton ailé qui part à la dérive, immobilisé par son festin en cours, bien exposé aux autres prédateurs ailés qui guettent autour de la mare."
(1) "Les dents de la mare" est un film Salamandre de Daniel Auclair sur le dytique.
Gare à tous les insectes (à gauche un dectique verrucivore) qui tombent à l'eau: le triton n'est jamais loin.
A droite, une aeschne décapitée...
Attention fragile !
Subtil équilibre écologique dans ces milieux d'altitude aux ressources limitées et où les proies d'un jour sont les prédateurs du lendemain. Qu'un imprudent vienne y déverser son lot de poissons exogènes et il en sera fini de l'équilibre.
Il est aussi préférable de se déchausser afin de ne pas abîmer l'épaisse moquette de mousse qui ceinture parfois ces lacs de montagne. Le temple des chimères se visite pieds nus, la vase entre les orteils... pour se reposer des longues marche d'approche dans la caillasse.
Cette photo, réalisée par Marc Corail, est l'une de celles prises par des agents du Parc national des Ecrins et rassemblées dans l'exposition "La faune dans son écrin", présentée cet été 2015 à la Maison du Parc de Briançon.
Pour en savoir plus sur la faune de montagne voir le livre A la rencontre des aninaux de montagne
Ce guide de terrain rédigé par les agents du Parc national des Ecrins, présente 356 espèces de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons) classées selon leur habitat de prédilection.
Élaboré de manière à vous faire découvrir facilement cette faune passionnante, cet ouvrage original est le compagnon indispensable de vos balades en montagne...
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