Un chamois dans les mailles du filet

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Dans le Valgaudemar, les agents du Parc national n'ont pas réussi à délivrer un chamois pris au piège d'un parc à moutons resté en alpage. L'animal a fini par s'enfuir avec une partie du filet accrochée dans les cornes. Ce qui augure mal de sa survie.

Les filets rendent de grands services aux bergers en alpage pour faire des parcs ou bloquer un passage entre deux alpages voisins. Le plus souvent ils sont placés aux mêmes endroits d'une année sur l'autre et les animaux sauvages, habitués à leur présence, s'y prennent rarement l'été.

De plus la présence d'animaux domestiques éloigne la faune sauvage et la présence du berger sur l'alpage permet une veille et une réactivité rapide en cas de problème. Il n'en va plus de même en fin d'estive, lorsque le troupeau a quitté l'alpage. Le filet devient un véritable piège, notamment pour les chamois lors de leurs courses folles en période de rut.

Conscients de ce risque, les agents du Parc national rappellent en cas de besoin aux éleveurs la nécessité de retirer les parcs avant l'hiver. Tous n'y accordent pas forcément d'importance et il arrive que, finalement, ce soient les agents du Parc national qui montent enlever les filets...

C'est le cas de figure qui s'est produit la semaine dernière dans le Valgaudemar. Le 15 novembre, alors qu'ils démontaient un parc, Dominique Vincent et Olivier Warluzelle, deux agents du Parc national des Écrins, ont vu un chamois se prendre les cornes dans un filet quelque 200 mètres de dénivellée plus bas.

"Le temps de descendre et la bête avait déjà déterré quelques piquets et faisait des mouvements violents pour se libérer en décrivant un arc de cercle" relate Dominique Vincent, garde-monitrice.

La vidéo ci-dessous montre le stress de l'animal pris au piège.

"Nous n'avons pu la libérer que partiellement de son filet.
Le chamois est parti en emportant un morceau de filet enroulé sur les cornes. Malgré nos efforts, nous n'avons pas réussi à le capturer pour lui retirer le reste.
On sait qu'avec ce filet dans les cornes et qu'il traîne derrière lui, ses chances de survie sont limitées".

Deux jours plus tard, Dominique Vincent est remontée pour localiser le chamois afin d'envisager une intervention par téléanesthésie : l’animal, fortement entravé, était toujours dans le secteur .

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Le temps de récupérer des produits anesthésiants et l'intervention pouvait avoir lieu. Eric Vannard, garde-moniteur dans le Briançonnais, qui a eu l'occasion de pratiquer ce genre de tir lors d'opération de captures de chamois et de bouquetins, est venu prêter main forte à l'équipe du Valgaudemar. Dominique Gauthier, responsable du laboratoire vétérinaire départemental, s'était déplacé également. Mais, cette fois, le chamois est resté introuvable... Le versant a été ratissé en vain.

Les deux jours suivants, les recherches ont été faites à la jumelle par un agent sans résultat.

Le chamois est-il mort ou s'est-il libéré de son filet ?

2011-11-sauvetage2006En 2006,  un randonneur nous avait transmis des images d'un chamois dont les cornes s'étaient prises dans un filet, dans le Valbonnais.

M. Teyssier, originaire de la Loire avait réussi à libérer l'animal qui avait néanmoins conservé une partie du filet  enroulée dans ses cornes.

Nous avions publié son témoignage dans l'Echo des Ecrins :

«Durant ma carrière de sapeur-pompier volontaire, j'ai participé à des sauvetages de chiens, de chats, de vaches, de chevreuils et même d'une corneille ! En revanche, je n'aurais jamais pensé être confronté à un chamois ! Pourtant, lors d'une randonnée à Valsenestre près de la cantine des carrières, j'ai remarqué la danse insolite d'un caprin.

2011-11-chamois-filet-2006En me rapprochant, j'ai constaté qu'il s'agissait d'un chamois dont les cornes s'étaient emmêlées dans le filet d'un parc à moutons. Après l'avoir immobilisé, j'ai réussi à le libérer. Si un garde découvre un bouc portant une coiffure orange incongrue, voilà donc l'explication.»