Botanique : encore des découvertes dans les Écrins !

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Cinq nouvelles espèces et trois autres extrêmement rares ont été trouvées en 2010 dans le Parc national des Écrins. C'est à l'occasion de travaux sur l'évolution de la végétation qu'elles ont été repérées.

L'approche de la biodiversité ne peut plus être uniquement envisagée comme une "quantité" d'espèce présente sur un territoire donné.

Si le nombre d'espèces est un indicateur commode et facilement communicable au grand public, il ne rend que partiellement compte de la complexité et des dynamiques du vivant.

De nombreux travaux scientifiques montrent de plus en plus l'importance à donner aux fonctionnalités écologiques (qu'est-ce qui fait qu'un milieu naturel persiste ou disparaît ; comment une espèce se nourrit-elle, se reproduit-elle et quelles en sont les conséquences pour les autres espèces) et au processus d'évolution (comment les espèces sont arrivées là, comment se sont-elles adaptées ou transformées dans les milieux qu'elles occupent).

C'est à ces activités scientifiques que le Parc national des Ecrins se consacrent de plus en plus, avec la mise en place de protocoles élaborés en partenariat avec la recherche.

Il n'en demeure pas moins que la connaissance du territoire et des espèces qui le constituent sont une base essentielle à tout travail scientifique sérieux.

Dans le cadre d'une étude sur les évolutions de la végétation au regard des évolutions des pratiques agropastorales ou de sylviculture (programme SOPHIE), environ 1700 espèces végétales ont été notées, avec les caractéristiques des milieux dans lesquels elles vivent.

En 2010, ce travail a permis la découverte de 5 espèces nouvelles pour le Parc et 3 extrêmement rares :

- Côté Valbonnais, la fougère Blechnum en épi (Blechnum spicant) a été découverte pour le territoire du parc le 17 août. C'est dans le bois du Fer à Cheval, au-dessus du Pay (commune de Lavaldens) que Pierre Salomez et Bernard dit "Barbu" Nicollet l'ont repérée. Cette espèce, commune en Savoie, se raréfie vers le sud, au point d'être protégée en PACA.

Vers Lavaldens également, une nouvelle station de la Renoncule tête-d'or (Ranunculus auricomus) a été notée par Bernard dit « Barbu » Nicollet et Christophe Albert. C'est la seconde pour le Parc, la première étant connue non loin du col du Lautaret.

Toujours dans ce secteur, la discrète Fétuque lisse (Festuca laevigata subsp. crassifolia) a été trouvée dans une pelouse alpine au-dessus du Périer (Cédric Dentant, Bernard « Barbu » Nicollet et Christophe Albert).

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- Côté Champsaur, c'est la Coronille à stipules engainantes (Coronilla vaginalis) qui a été découverte par Cédric Dentant vers la chapelle St James, à Prapic (commune d'Orcières). Cette petite plante, qui aime les stations chaudes sur calcaire, est présente dans le Dévoluy et les Cerces, mais n'était pas connue dans les Ecrins.

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- Côté Vallouise, dans le Vallon des Bans, vers Entre-les-Aygues, la Grande Orobanche (Orobanche major) a été trouvée sur la plante qu'elle parasite : la Centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa). C'est la première observation dans les Ecrins (Pierre Salomez et Marie-Geneviève Nicolas), bien qu'il existe quelques données anciennes autour (Queyras, Briançonnais, Céüse).

- Enfin, côté Embrunais, une seconde station d'Herbe des Cosaques (Euclydium tenuissimum), a été découverte non loin de la première localitée pour la France de cette espèce, en bord de voie ferrée (Julien Ugo et Laurent Michel).

Plus en altitude, au Lac du Laus, une première station pour le secteur du Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum) a été trouvée en septembre (Mireille Coulon).

Ainsi, même si les découvertes au sein du Parc sont de plus en plus rares pour des groupes naturels bien connus, toutes ces découvertes sont la preuve que la modestie est de rigueur face à la diversité du vivant.

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L'article Le Scirpe de Hudson trouvé dans l'Embrunais

Au bord du lac de Laus, à l'Alpe de Vautisse, le Trichophore des Alpes est une rareté dans le massif. Une seule autre station était connue jusqu'alors, à Champoléon dans le Champsaur.

 

Le dossier Botanique : de l'inventaire au suivi

Lors de leurs relevés de terrain, les agents du Parc national des Écrins utilisent un ordinateur de poche pour cartographier la flore patrimoniale. Il s'agit désormais de montrer "comment évolue la répartition géographique d'une espèce" et non plus seulement où elle se trouve.