
Depuis deux ans, le refuge de la Pilatte (vallée du Vénéon) est ausculté avec vigilance car le socle granitique qui le porte présente des failles qui, à terme, nécessiteront de fermer l'actuel bâtiment. Le phénomène géologique s'explique par le recul du glacier de la Pilatte qui, en se retirant, provoque une décompression des versants libérés. Une surveillance géologique coûteuse permet de connaître l'évolution des failles et ainsi de savoir si le public peut être accueilli en toute sécurité.
Le glacier a perdu près de 50 mètres d'épaisseur depuis 1990.
La Fédération des clubs alpins et de montagne s'en préoccupe et envisage donc de remplacer l'actuel refuge par un autre, sur un autre site.
Réaliser un refuge nécessite cependant de nombreuses études préalables : Quelle offre d'accueil souhaite la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne) pour ce projet (les alpinistes, les randonneurs, les jeunes - tous ou bien privilégier un type de public) ? Comment construire compte tenu de l'éloignement, des risques naturels potentiels, avec quels matériaux et équipé de quelle sources énergétiques ? Comment l'alimenter en eau ? Comment traiter ses effluents et ses déchets ?
En somme, comment intégrer un bâtiment accueillant du public dans un site isolé et dans le cœur du parc national en minimisant au mieux les impacts sur l'environnement ?
L'école d'architecture de Grenoble s'appuie sur ce projet pour nourrir la réflexion. Ce week-end du 14 et 15 septembre, une trentaine d'élèves architectes est venue arpenter le site envisagé pour une nouvelle implantation. Ils sont allés dîner et passer la nuit au refuge actuel de la Pilatte pour s'immerger dans un contexte particulier, dans un espace forcément réduit, isolé, soumis aux intempéries, où, assurément les conditions d'exploitation sont particulières.
Jean-Pierre Nicollet (mission activités de nature au PNE) a présenté aux élèves, ce que le Parc national souhaite pour intégrer un refuge dans un espace protégé mais voué à être aussi un espace de découverte.
Eric Durdan, guide et président du comité de l'Isère au club alpin a, quant à lui, présenté l'évolution des pratiques de la montagne et donc des publics susceptibles de fréquenter un tel refuge.
Les architectes, Jean-François Lyon-Caen, Jean-Marie Hézard et Jean-Luc Moulin, chargés de l'enseignement à l'école d'architecture ont sensibilisé les élèves sur les techniques de construction, les choix architecturaux et les contraintes techniques qui doivent les conduire à proposer des projets cohérents et adaptés.
Enfin, Henri Brosse, gardien du refuge, a exposé son métier et les conditions matérielles nécessaires pour accueillir les pratiquants de la montagne.
Avec cette foultitude de témoignages et l'immersion dans ce magnifique vallon de la Pilatte, les futurs architectes ont de quoi s'exercer pour proposer les esquisses d'un nouveau refuge répondant à la logique de tous ces acteurs.