Une montagne parcourue depuis la préhistoire...

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Depuis 1998, sous la co-direction de Florence Mocci (Centre Camille Jullian - Aix en Provence) et de Kevin Walsh de l'Université de York (Grande-Bretagne), des équipes pluridisciplinaires ont multiplié les fouilles et les découvertes, confirmant la fréquentation et l'occupation de la moyenne et de la haute montagne dès la Préhistoire (9000-3000 avant notre ère). La présence de structures pastorales d'altitude est également identifiée dès le milieu du IIIe millénaire avant notre ère.

Peinture rupestre trouvée en Vallouise été 2010 © CNRS - Camille Jullian

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La campagne de fouille 2010 aura été particulièrement fructueuse pour l'équipe d'archéologues qui, cette année, travaillait sur les communes de Freissinières et de Pelvoux. En effet, les prospections menées au cours de l'été  dans les hauts massifs de l'Eychauda (Pelvoux) et du Pinier (Fressinières) sont marquées par  la découverte, sur une paroi à plus de 2100 m d'altitude, des premières peintures rupestres dans cette partie des Alpes méridionales. Quelques traits parallèles dans les tons ocres sur une roche de calcite, bien abritée, à plus de 2000 mètres d'altitude. Non loin de là, d'autres traces de ce pigment dont quelques fragments sont retrouvés sur le sol. Et puis cet autre élément dans lequel, à bien y regarder, on peut voir la représentation d'un quadrupède... Ce n'est pas la Vallée des Merveilles mais l'émotion de la découverte est bien là.

Pointe de flèche préhistorique © CNRS - Camille Jullian D'autres gisements et de nombreux outils en silex recueillis sur les hauts plateaux de Freissinières témoignent d'une importante fréquentation de la moyenne et haute montagne durant la Préhistoire. Plus de 300 objets lithiques ont été également recueillis entre 2120 et 2600 m d'altitude dont une pointe de flèche en silex du Néolithique final à 2475 m d'altitude.

Au-delà des "mobiliers" (traces de foyers, cabanes, enclos, outils...), l'étude de l'environnement dans lequel évoluaient ces très vieux "occupants" des montagnes des Écrins est tout aussi passionnante. Tandis que les archéologues prospectent des yeux ou par des fouilles, une spécialiste de la paléoécologie (étude des animaux et végétaux fossiles) pioche le sol pour étudier la composition des pollens et des charbons de bois qui y sont conservés. Brigitte Talon (Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie, Marseille) met ainsi en avant la présence du mélèze et de l'épicéa mais aussi du pin cembro, du bouleau et de genevriers... avec une limite de la forêt bien plus élevée qu'aujourd'hui, à 2300 m d'altitude.

Aquarelle de JM Gassend - IRAA - CNRS - MMSH - 2008

Restitution du site de Faravel XIX à 2303 m d'altitude (âge du Bronze ancien) et de son environnement

A lire

Au centre de documentation du Parc national des Ecrins :

  • Documentation et valorisation des collections archéologiques du Briançonnais (Hautes-Alpes), M. ROSSI, A. GATTIGLIA, Antropologia Alpina, 53 p., 1995