Le ventre jaune des sonneurs, une marque individuelle

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Cette année, le Parc des Écrins relance une étude approfondie sur la population du sonneur à ventre jaune présente sur la plaine du Roc à Embrun. Les photographies de la face ventrale des petits crapauds vont notamment faire l'objet d'un traitement informatisé.

Rappelez-vous, le sonneur à ventre jaune, ce petit crapaud très rare dans la région, avait été découvert en 2005 du côté de la plaine du Roc à Embrun. Alors que son site d'accueil semblait fortement menacé (pollution et projet d’aménagement urbain), des mesures expérimentales pour sa conservation avaient été prises par le Parc national, la commune et différents partenaires. Plusieurs mares ont été créées pour maintenir sur la zone des sites favorables à la reproduction du sonneur. Un site d'hivernage a été également aménagé pour accueillir ces crapauds en automne et en hiver.

Sonneur à ventre jaune - étude et suivi © Parc national des Ecrins

Sonneur à ventre jaune - étude et suivi © Parc national des Ecrins Parallèlement, pendant quatre ans, le Parc national a effectué un suivi démographique de la population par « Capture-Marquage-Recapture » (CMR). Cette méthode de suivi est relativement non-invasive chez les sonneurs à ventre jaune puisqu'ils ont la particularité de posséder des tâches ventrales noires et jaunes qui sont individuelles et fixes dans le temps. Ce signe distinctif naturel évite ainsi de poser des marquages artificiels sur les individus.

En 2009, dernière année de suivi, la population était estimée à plus de 600 individus, soit la plus grosse population connue à ce jour dans les Hautes-Alpes et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Depuis, le Parc national des Écrins réalise annuellement une veille écologique sur le site.

Sonneur à ventre jaune - étude et suivi © Parc national des Ecrins Ce printemps, le suivi par CMR est relancé pour étudier à nouveau la dynamique de la population et l’efficacité des mesures de conservation prises par le passé.

Un suivi qui est au coeur de la thématique de travail de Léa Joly, étudiante en 2ème année de master "Sciences pour l'environnement, spécialité gestion des écosystèmes" à la Rochelle. Ce travail s'inscrit dans un stage de fin d'études de 6 mois qu'elle réalise au Parc national, avant de s''engager dans des métiers tournés vers la conservation des espèces et des milieux.

Les crapauds sont mesurés pour évaluer leur âge et classés en 3 catégories (juvénile – immature - adulte), pesés pour avoir une indication sur les conditions physiologiques et environnementales (état de stress, ressources alimentaires disponibles, etc) et photographiés au niveau de leur face ventrale.

Sonneur à ventre jaune - étude et suivi © Parc national des Ecrins

Panneau sur le sonneur à ventre jaune - plaine de Roc - PNE Embrun « La nouveauté de cette année consiste dans le traitement des photographies. En effet, suite au récent développement d'outils informatiques, les tâches ventrales individuelles pourront être analysées et comparées de manière automatique » explique Léa.

« Ces logiciels de reconnaissance sont une avancée prometteuse pour les suivis de la faune sauvage qui facilitent et augmentent la fiabilité des résultats mais surtout ils rendent possible les identifications malgré un nombre important de photographies qui ne pourraient être traitées par comparaison manuelle » . Un travail de standardisation des prises des photos est donc mis en place à l'échelle du parc des Écrins pour faciliter la mise en œuvre de cette opération.

« A l'issue de ce suivi, nous serons mieux à même d’appréhender la dynamique d'évolution de cette population (en baisse, stable ou en hausse). Cette compréhension est nécessaire à toute gestion conservatoire, sur l'un des fleurons de la biodiversité embrunaise ! » ajoute Damien Combrisson, garde-moniteur dans l'Embrunais qui assure le suivi général de cette population de sonneurs.

Un atelier sur les sonneurs, dimanche 22 mai

Il sera possible d'observer et d'échanger autour d'un atelier sur les sonneurs lors de l'événement « La biodiversité à tous les étages » programmée le dimanche 22 mai.

A 10h30 et à 15h, Léa Joly qui travaille sur le suivi de cette population dans le cadre d'un travail de fin d'études universitaires, présentera les sonneurs et les suivis réalisés.