Fidèles observateurs des oiseaux d'eau à Serre-Ponçon

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C'est pour contribuer aux résultats du comptage organisé dans 143 pays qu'une vingtaine d'observateurs s'est retrouvé sur les berges du lac de Serre-Ponçon le 12 janvier dernier.

Le dimanche 12 janvier 2020 a eu lieu autour du lac de Serre-Ponçon le dénombrement annuel des oiseaux d'eau.

Comptage wetlands interational à serre ponçon - 2020 - photo Nadine Budin
La journée du 12 janvier était ouverte à tous : ornithologues confirmés et simples amateurs. Ce ne sont pas moins de 20 personnes qui ont scruté le plan d'eau et ses berges à la jumelle et à la longue-vue.

En France, 500 à 550 sites sont suivis chaque année.

Ce comptage, organisé par le Parc national des Écrins et coordonné au niveau régional par la Ligue de Protection des Oiseaux, s'inscrit dans une opération internationale qui vise à suivre l'évolution des populations d'oiseaux d'eau d'un point de vue géographique et numérique, et à définir l'importance des zones humides qui accueillent des oiseaux en hiver.

Les résultats provenant de 143 pays sont collectés par Wetlands international, une organisation basée aux Pays Bas. 150 000 bénévoles et professionnels collectent ainsi des informations concernant 871 espèces d'oiseaux d'eau sur 25 000 sites.

Ce programme qui a connu quelques modifications depuis sa création, a débuté en 1967. A partir de 1993, toutes les espèces d’oiseaux d’eau, soit 150 espèces environ (plongeons, grèbes, hérons, laridés, cormorans, limicoles, canards, rales, grues...), sont prises en compte.

Autour du lac

Comptage wetlands interational à serre ponçon - 2020 - photo JP Coulomb La méthode consiste à parcourir une partie des rives du lac de Serre-Ponçon et du plan d'eau d'Embrun en s'arrêtant sur des points d'observations fixés à l'avance. Le périmètre important du lac impose de constituer trois équipes, encadrées par des agents du Parc national, qui ont chacune la responsabilité d'une partie du lac (queue du lac, baie St-Michel, Ubaye).

L'ensemble des oiseaux d'eau observés est noté pour chaque secteur de comptage simultanément par les trois équipes reliées par radio, ce qui permet de réduire le risque de double comptage.

Pour cette opération 2020, la météo est restée très favorable, ensoleillée avec très peu de vent. La température négative en début de matinée s'est bien améliorée par la suite. Le lac est à un niveau exceptionnellement haut pour cette époque, soit 2 m sous la côte d’exploitation seulement. Du coup, les surfaces à prospecter sont plus importantes, les distances d’observation également ce qui augmente la difficulté du suivi.

Le plan d'eau d'Embrun lui est gelé, mais une centaine de laridés avait néanmoins trouvé refuge sur la glace.

Cette année les résultats sont dominés par quelques points que détaille Michel Bouche, technicien patrimoine, dans son rapport.

résultats des comptages des principales espèces d’oiseaux d’eau sur le lac de Serre Ponçon depuis 2014

- Le nombre total d'oiseaux observés (743) est en nette diminution par rapport à l’année précédente. Toutefois ces résultats n'ont de sens qu'à une échelle biogéographique continentale, puisqu'il s'agit pour beaucoup d'entre eux d'oiseaux nordiques qui viennent passer l'hiver sur des zones d'eau libre. Leur nombre est donc très dépendant de la température et des conditions climatiques. D’ailleurs, si on considère l’évolution numérique des oiseaux d’eau sur le lac depuis 2014, la tendance observée est liée à deux résultats extrêmes et le résultat n’est pas significatif.

Comptages wetlands interational à serre ponçon - 2014-2020

Cette fois encore 5 espèces (goéland leucophée, mouette rieuse, grèbe huppé, grand cormoran, canard colvert) représentent 99 % de l'effectif observé.

 Le nombre de goélands leucophés observés est en forte diminution, mais la remarque sur l’effectif global vaut aussi pour cette espèce.

Pas d'observation de goéland cendré, comme en 2017, alors que le lac de Serre-Ponçon est l'un des sites où cette espèce relativement rare est habituellement présente...

La mouette rieuse est bien représentée cette année avec le plus gros effectif observé depuis 2014 (65 individus). Cette espèce semble être en progression sur le lac en hiver.

Les grèbes huppés avec 213 individus recensés atteignent leur niveau le plus haut depuis 2014, sans que l’on puisse noter une tendance à l’augmentation. Déjà, dans les années 70 et 80, les effectifs variaient entre 150 et 250 individus sur ce plan d’eau qui est le principal site d’hivernage de cette espèce piscivore dans le val de Durance.

Le nombre de grands Cormorans est remarquablement stable d'une année à l'autre. Un effectif comparable (20 à 30 individus) était déjà observé dans les années 70 et 80 : a-t-on atteint la capacité d'accueil hivernale pour cette espèce ?

Le nombre de canards colvert est assez faible: les effectifs de ce canard de surface sont très variables d'une année à l'autre, peut-être en lien avec le niveau du lac et de la surface de glace. Cette espèce affectionne la proximité des vasières qui sont submergées cette année. Sont également absentes les sarcelles d’hiver, habituellement présentes sur ce plan d’eau

Garrot à l'oeil d'or © Henri Ripert Tadorne de Bellon ©  Damien Combrisson -Parc national des Écrins

Enfin, on notera la présence exceptionnelle d’une femelle de garrot à œil d’or, d’une foulque macroule et de quatre tadornes de Bellon (images ci-dessus). 

Pour mémoire et de façon plus anecdotique, chevalier guignette, bergeronnette grise, martin-pêcheur ont également été observés sur les rivages.