50 ans d’histoire : Les 1ères mesures agro-environnementales

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À l’occasion des 50 ans du Parc national des Écrins, nous vous proposons de découvrir chaque semaine un pan de l’histoire et des missions du Parc, en images et en témoignages. Cette semaine, attardons-nous sur le tout début des diagnostics et des mesures environnementales dans les alpages des Écrins, en 1992. Une histoire racontée par André Leroy, berger au saut du Laire pendant 19 ans.

Troupeau au saut du Laire © M. Corail - PNE

Un surpâturage problématique

« J’étais berger au tout début des mesures en montagne et au saut du Laire, on a été un peu les cobayes ! C’était un travail collectif, chacun apportait sa façon de voir et on faisait pour le mieux. Les gens de l’INRA travaillaient sur le déroulé de la garde d’un troupeau en montagne, le CERPAM s’interrogeait sur les bonnes pratiques, et les gens du Parc s’inquiétaient du surpâturage des quartiers d’août. C’était un problème à beaucoup d’endroits à cette époque, à Orcières et à Champoléon. Il y avait aussi la question du respect de certaines espèces remarquables, comme les chardons bleus vers Basset. Les gardes recommandaient de ne pas trop y passer mais il n’y avait rien de contraignant ou de défini.

Une réflexion collective entre bergers et techniciens

Troupeau de brebis à la chaume © M. Coulon - PNE On s’est donc tous mis ensemble à réfléchir, et à partir de ce travail, les premières mesures environnementales sont nées sur un alpage collectif au saut du Laire. Et c’est moi qui ai mis en pratique tout ce qu’on avait vu ensemble ! C’est ce qui m’a plu dans cette histoire : il n’y a jamais rien eu d’imposé, on a toujours parlé et négocié entre nous pour trouver la meilleure solution.

Des mesures environnementales avec des effets visibles !

Ensuite, les mesures environnementales ont été évaluées pratiquement chaque année avec des tournées de fin d’estive et des lignes de lecture pour voir comment évoluait la végétation. Au saut du Laire, il y avait un double souci : le bas de l’alpage était petit, en entonnoir, avec beaucoup de nard, et le haut était très vaste. Avant les mesures, on ne restait pas longtemps en bas mais très longtemps dans le haut, qui était très pâturé.

Avec notre travail, on a amélioré le bas de la montagne avec des parcs de nuit tournants : il y a eu une nette amélioration de ces pâturages-là, ce qui a permis d’y rester plus longtemps. Ça a été une grande satisfaction de voir qu’aux endroits où les bêtes ne s’arrêtaient pas autrefois, elles se mettaient à pâturer. C’est le signe d’un alpage qui ne s’abîme pas, bien au contraire ! »

Côté lecture...

MATHEY F., SENN O., QUIBLIER M., Diagnostic pastoral de l'alpage du Saut du Laire commune d'Orcières, CERPAM, 1992.

SENN O., Influence du parcage nocturne d'un troupeau ovin en alpage sur les pelouses à nard, alpage du Saut du Laire (commune d'Orcières - Hautes-Alpes), CERPAM, 1995.