Oiseaux d’eau à Serre-Ponçon : des effectifs globalement stables

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Comme chaque année en janvier, les bénévoles de la LPO et les agents du Parc national dans l’Embrunais ont participé au comptage international des oiseaux d’eau. Grâce à leurs efforts et au renfort de volontaires, 1 694 oiseaux ont été observés, majoritairement des goéland leucophées, des mouettes rieuses, des grèbes huppés, des grands cormorans et des canards colverts. Si le nombre de goélands et de canards peuvent varier fortement en fonction des conditions du moment, les effectifs des autres espèces sont globalement stables depuis 10 ans.

Les bénévoles à l’oeuvre sur le site de Serre-Ponçon © J.P. Coulomb - LPO Un comptage sous le soleil

Dimanche 13 janvier 2024, ce sont donc 17 personnes, ornithologues confirmés et simples amateurs, qui ont scruté le plan d'eau et ses berges à la jumelle et à la longue-vue. Les participants ont eu cette année la tâche facilitée par une belle météo douce et ensoleillée.

La méthode est maintenant bien rodée : les volontaires sont répartis en trois équipes encadrées par les agents du Parc national et ont chacune la responsabilité d'une partie du lac (queue du lac, baie St-Michel, Ubaye). Pour réduire le risque de double comptage, les observations pour chaque secteur de comptage sont notées simultanément par les trois équipes reliées par radio.

Le bilan des observations

Comme les années précédentes, cinq espèces dominent les effectifs : le goéland leucophée, la mouette rieuse, le grèbe huppé, le grand cormoran et le canard colvert représentent 97 % des observations. Avec 1 694 oiseaux comptabilisés, les participants au comptage ont recensé plus d’individus que les années précédentes.

« Serre-Ponçon est un lac très minéral, explique Cécile Dubois, technicienne du patrimoine dans l’Embrunais. Contrairement à d’autres lacs des Alpes, il n’y a pas ici d’herbiers aquatiques ou de roselières, donc peu de ressources pour les canards herbivores par exemple. On y trouve donc essentiellement des oiseaux piscivores. »

Espèce par espèceGrèbes huppés observés en août 2010 © P. Saulay - PNE

  • Comme souvent, la hausse du nombre d’observations est liée à une seule espèce, le goéland leucophée (+ 135 % par rapport à 2023). Ses effectifs sur le lac de Serre-Ponçon sont en effet très variables en fonction de la disponibilité alimentaire et des conditions météos.
  • Avec 89 individus recensés, les grèbes huppés sont dans la fourchette basse sur le lac de Serre-Ponçon, le principal site d’hivernage de cette espèce piscivore dans le val de Durance. Malgré une petite baisse des effectifs depuis trois ans, l’espèce est globalement stable.
  • Seulement 26 mouettes rieuses ont été observées cette année, alors que l’espèce semblait en progression jusqu’à l’année dernière (63 individus recensés en 2023). Repli effectif ou simple absence le jour J ? Affaire à suivre...
  • Le nombre de grands cormorans (67) a doublé par rapport aux neuf années précédentes.
  • Le nombre de canards colverts est lui plutôt dans la fourchette haute (140 individus observés). Les effectifs de ce canard de surface sont très variables d'une année à l'autre, peut-être en lien avec le niveau du lac et de la surface de glace, notamment sur le plan d’eau d’Embrun. Cette espèce affectionne en effet la proximité des vasières qui ne sont pas gelées cette année encore.
  • Parmi les autres espèces aperçues, 13 hérons cendrés, 13 pipits spioncelles, 9 bergeronnettes des ruisseaux, 14 bergeronnette grises et un cincle plongeur.

Quelques observations plus exceptionnelles

En plus des espèces classiques, les participants ont observé quelques spécimens plus rares : 5 harles bièvres (deux mâles et trois femelles) et une gallinule poule-d’eau. En marge du comptage a également été avérée la présence d’un plongeon arctique, observé courant décembre 2023 sur le plan d’eau d’Embrun, non observé le jour du comptage mais revu le lendemain sur le plan d’eau d’Embrun.

Harles bièvres observés en mars 2022 © P. Saulay - CC BY NC ND Gallinule poule d'eau observée en avril 2012 © P. Saulay - CC BY NC ND

Plongeon arctique observé en février 2017 sur le lac de Serre-Ponçon © P. Saulay - PNE

Des milliers de bénévoles dans le monde

Grâce à toutes ces observations, les effectifs du lac de Serre-Ponçon seront intégrés dans la base de données mondiale des oiseaux d’eau. Mieux connaître les populations et leurs évolutions permet ainsi de prendre des mesures en cas d’éventuel déclin et d’identifier les principaux sites d’hivernation à protéger. Les comptages menés simultanément à l’échelle de la planète ne pourraient être aussi performants sans la participation de nombreux bénévoles, plus de 1 500 en France. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés !

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