Un coup de pouce à la nature et à la science
Parmi ses nombreuses ambitions, le projet Royaume lancé au printemps prévoit de donner un coup de pouce à la reine des Alpes, la plante emblématique du parc national des Écrins. Le massif a en effet la chance d’abriter les populations les plus importantes des Alpes, alors que la plante est très rare ailleurs. Pour enrayer son érosion, un volet d’expérimentation scientifique est au programme, avec des récoltes et des semis de graines. Le coup d’envoi a été donné par les opérations des 6 et 20 septembre derniers dans le vallon du Fournel (L’Argentière-la-Bessée), le haut lieu de la reine des Alpes dans les Écrins.
Pour mener à bien cette mission, les agents du Parc national ont pu compter sur le soutien des membres d’Alpes Regards 05, une association qui propose notamment des sorties nature adaptées au public malvoyant. Après avoir découvert la reine des Alpes en 2024 grâce à une animation du Parc, les participants étaient très enthousiastes à l’idée de participer à sa sauvegarde.
6 000 graines récoltées et semées
Les choses sérieuses ont débuté le 6 septembre, avec une récolte collective de graines dans la réserve biologique des Deslioures. Marion Janel, chargée du projet Royaume, nous en dit un peu plus : « Cette récolte fait partie d’un protocole scientifique défini par le projet. Nous avons collecté des graines sur trois sites dans la réserve : l’un en milieu ouvert, l’autre en milieu semi-ombragé, le dernier dans le mélézin. L’idée est de semer les graines dans un même milieu ouvert en faisant des transects de suivi, un par site. En les séparant selon leur origine et en suivant leur germination, on pourra avoir des connaissances supplémentaires sur les sites d’origine et l’effet d’un milieu fermé sur la santé des graines produites. »
À la récolte ont donc succédé les semis. Le 20 septembre, les membres d’Alpes Regards 05 et les agents du Parc se sont retrouvés dans l’une des prairies de l’agriculteur Vincent Bellot. Deux parcelles de fauche du vallon du Fournel ont été ciblées pour les semis : des sites où la reine des Alpes est présente mais où sa démographie a chuté. Pas moins de 6 000 graines ont ainsi retrouvé la terre. « C’était l’un des objectifs de l’expérimentation, explique Marion Janel, tester la plantation par semis in situ. Des graines seront également plantées ex situ, avec l’aide du conservatoire national botanique alpin. D’autres enfin serviront à remettre à jour la banque de graines vieillissante du conservatoire. »
Des échanges enrichissants
En associant le public malvoyant, le projet Royaume trouve un écho supplémentaire. Celui de faire participer à une démarche scientifique ceux qui perçoivent la nature autrement qu’avec les yeux. Une nouvelle fois, ces journées ont permis des échanges enrichissants, tant pour la vingtaine de membres de l’association qui y a participé, que pour les agents du Parc. Des moments précieux captés par le réalisateur Laurent Cistac, qui alimenteront le deuxième épisode de la série de podcasts Les explorations sensorielles et poétiques créée par le Parc.
Une bonne nouvelle venue du Champsaur
Pour compléter les opérations dans le vallon du Fournel, des semis de graines et de plantes seront testés ailleurs dans le massif des Écrins. Une bonne nouvelle est d’ores et déjà arrivée en fin d’été. En octobre 2024, les botanistes du Parc national et du conservatoire botanique avaient semé selon le même protocole des graines de reine des Alpes sur l’alpage de Basset, dans le Champsaur. Un peu moins d’un an plus tard, bien des graines ont germé. De quoi faire souffler un vent d’espoir sur le projet Royaume.