Il s’agit majoritairement des milieux de haute montagne à dominante minérale (glaciers et neige, roches, éboulis,...), mais aussi des milieux de moyenne montagne comprenant des falaises, des landes, des fourrés ainsi que des forêts peu ou pas exploitées, notamment à cause du relief, de leur isolement géographique ou de la pauvreté de la ressource. Sous l’influence du climat en particulier, la régénération végétale et l’érosion sont les deux facteurs d’évolution principaux, sans négliger le retrait glaciaire et les empilements précaires de blocs suite à la fonte de la glace qui les cimentait.

Ces secteurs, inaccessibles pour la plupart des gens et quasi sans usage, demeurent faiblement impactés. Fondement de la notion de caractère du parc, ces espaces construisent l’image du massif et innervent l’imaginaire de chacun…

Si historiquement, depuis le paléolithique, l’empreinte de l’homme a marqué l’ensemble des espaces du parc national des Ecrins, certains secteurs ont néanmoins vocation à demeurer faiblement impactés. Les éléments caractérisant le mieux la montagne sauvage sont la naturalité et la rareté des aménagements qui vont de paire. Ces espaces, caractérisés par leurs ambiances et leur grande quiétude mais aussi par leurs qualités esthétiques, de lumières, de couleurs, de permanence,... sont à découvrir dans un esprit d’autonomie et de respect.

Caractère, couleurs, perceptions... Témoignages choisis 

(Enquête orale sur le caractère du massif, Parc national des écrins, Centre de l’Oralité Alpine - 2008)

Naturalité

« La naturalité de la zone centrale est en train de foutre le camp avec le réchauffement climatique » (Pierre Salomez).

« Quelquefois je me dis la nature, elle reprend le dessus voilà, elle montre son dynamisme, le dynamisme des hommes a un peu disparu, c’est remplacé par le dynamisme de la nature » (Olivier Senn).

Lumière

« Je ne suis pas très sensible au grand paysage, je suis plutôt sensible à la lumière des Ecrins » (Yves Baret).

Tension des contraires

« C’est parce qu’il y a ces parois abruptes et dures que tu peux apprécier la douceur du ruisseau avec le lit des aiguilles de mélèzes à l’automne ; disons que ça permet de l’apprécier vraiment dans toute sa finesse parce que de toute façon un tapis d’aiguilles de mélèzes, c’est toujours doux, mais ça l’est encore plus quand juste au-dessus il y a une paroi » (Caroline Vincent-Bouchard).

No man's land

« Ce qui nous a marqué, c’est tous ces vallons parallèles avant la Bérarde - on est dans des espèces de no man’s land au sens littéral du terme, des pays où il n’y a pas d’hommes et pas de traces humaines. J’ai trouvé fabuleux que dans le massif des Ecrins, finalement c’est un no man’s land » (Lionel Daudet).

Couleurs

« Ici, si je devais donner une couleur, c’est le jaune et pas le vert. Le peu d’herbe qu’il y a, elle est jaune, ça m’a beaucoup frappée quand je suis arrivée. Ce n’est pas ce beau vert, c’est un vert un peu jaune » (Marie-Geneviève Nicolas).

Escarpement

« L’Oisans, c’est des piles d’assiettes » (Bernard Amy).
« Les Ecrins, c’était plus escarpé, c’était plus dur... Après il y avait des poches de verdure, c’était des espèces d’oasis dans le désert. C’est plein de petits îlots qu’on peut rejoindre à pied tant bien que mal quand c’est possible mais c’est quand même des idées d’îlots parce que c’est tellement accidenté, ce n’est pas une énorme île » (Laetitia Cuvelier).

A lire

Au centre de documentation du Parc national des Ecrins :

• Parc national des Ecrins Chemins de lumières, photographies B. Bodin, textes J.P. Spilmont et C. Dautrey, Ed. Milan 143 p., 1994
• Parc national des Ecrins Des paysages et des hommes, photographies B. Bodin, textes B. Fischesser et C. Dautrey, Ed. Milan 141 p., 2001