" La gangrène des neiges et des lichens mange peu à peu la pierre. Ces dévoraisons lentes convergent vers un centre géométrique, une aimantation, un point de convergence : le lac des Pisses.
Il est déjà le grand argentier, rassembleur des rus, ruisselets, eaux de fonte et cascades. Il est l'inévitable. Aussi a-t-il choisi de se mettre à l'écart du plateau, de toute cette molesse des traits, du caractère, de la matière. On chercherait en vain ici la maille d'une étoffe, la tonte d'une pelouse, la plage d'un couvert végétal, on est au-delà, on a contourné Roche Rousse, on est du parti des Jalabres et du Grand Pinier. On regarde debout Prapic et la grande mozaïque des prés et des cultures. On biaise avec Jujal, Pelisson et les autres, ces voisins, vautrés dans le moelleux pour célébrer la pierre. Celle-ci, gueule ouverte, denture croche, mord à belles dents dans le ciel et lointains, faisant de Mourre-Froid, Gabarut et Aiguilles des desserts nappés de sucre glace. Les crocs mécaniques sont encore maculés du plat de résistance à base de crêpes de lichens et d'éritriches en grappe. L'oeil à son tour dévore cet appetit en marche que la mémoire a aussitôt figé en un scène forte, indélébile." Extrait de Lacs des Ecrins
Les lacs "de cuvette"
Les lacs ont différentes origines de formation. Le lac des Pisses s’est formé du fait des grands glaciers de l’ère quaternaire qui en s’écroulant vers le fond des vallées ont surcreusé les zones de roche plus tendres. Il y a 8000 ans lorsque les glaciers ont fondu, ces dépressions sont devenues des lacs appelés « lacs de cuvette ».
A lire
Au Centre de documentation du Parc national des Ecrins :
- Lacs des Ecrins, photographies B. BODIN, textes C. DAUTREY, Ed Libris, 163 p., 1999
- Etude hydrobiologique d'un lac de haute altitude du Parc national des Ecrins : le lac des Pisses (Champsaur), rapport, CAVALLI L., CHAPPAZ R. TRON L., Université de Provence, 31 p., 1997
