<Fleur-papillon du 1er avril > L'androsace Apollon est un poisson

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Ses pétales portent les motifs des ailes d'un papillon ! Cette découverte stupéfiante et de toute beauté est une création du premier jour d'avril.

Androsace parnassius J.R. José, 2020 - Parc national des Ecrins

Certains ont voulu y croire... on les comprend !

Bravo à Finan, en mission de service civique au Parc national des Écrins, qui a minutieusement "créé" l'image de cette nouvelle espèce, offrant à chaque pétale des fleurs de l'androsace, les motifs des ailes de l'Apollon.

Un scénario fruit des élucubrations de quelques esprits confinés mais néanmoins connectés, mis en scène par l'esprit scientifique et débridé de Cédric, "notre" botaniste amoureux des plantes d'altitude, qui a imaginé l'histoire de cette magnifique découverte.

Belle journée dans vos confins ! Le soleil brille sur les Écrins...

 

La science de la nature a une histoire constellée de stupéfiantes découvertes. Comprendre et décrire le vivant requiert autant de rigueur que d'humilité tant l'évolution s'est montrée insaisissable : il n'est qu'à voir l'inclassable ornithorynque, les féroces dionées (plantes dévoreuses d'insectes) ou tout simplement feus les lézards géants que furent les dinosaures.

C'est dans cet esprit d'ouverture qu'il nous a fallu admettre que la découverte d'une nouvelle espèce d'altitude, jusqu'alors totalement méconnue, allait une fois de plus faire voler en éclats la maigre certitude de nos connaissances.

L'androsace Apollon (Androsace parnassius J.R. José, 2020) – telle qu'il faut à présent l'appeler – est une plante dont une partie du génome appartient de manière totalement improbable au papillon Apollon (Parnassius apollo Linneaus 1758). Observée pour la première fois les 12 et 27 juin 2018 au Pic Ombière (dans les Cerces) par des agents du Parc national, cette espèce a de nouveau été notée le 27 mars 2019 dans le couloir Albert (toujours dans les Cerces) cette fois par le célèbre botaniste suisse Jean-René José, contacté par le service scientifique du Parc national.

Un virus et une nouvelle forme de vie

Après plusieurs analyses à l'université de Zurich, son article scientifique, explicitant ce cas unique dans le règne végétal, vient d'être publié dans la prestigieuse revue Nature sous le titre « How a plant species captures animal genes »

https://www.nature.com/articles/s41467-018-06192-9

parnassius apollo -  photo C.Bazoge - Parc national des Ecrins Détail apollon - photo M.Coulon - Parc national des Ecrins

En cette période de confinement, il sera marquant pour les lecteurs d'apprendre que c'est via un virus que la plante « capture » des gènes du papillon. En effet ce virus, lorsqu'il a infesté le papillon, se lie à une partie de l'ADN de ce dernier pour se reproduire. C'est en butinant l'androsace que l'Apollon contamine la plante en lui injectant le virus, laquelle à son tour « récupère » l'ADN de l'insecte via l'infection virale… pour un résultat de toute beauté et une nouvelle forme de vie !

Difficile de ne pas conclure par la célèbre formule d'Aristote : « La nature est quand même bien faite ».

Androsace parnassius J.R. José, 2020 - Parc national des Ecrins

Trouver les autres spécimens de cette espèce originale dans le massif pourrait devenir une activité majeure l'été prochain dans les Ecrins...