L'atmosphère des Écrins n'est pas épargnée par les polluants, venus d'ailleurs

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Près d'une cinquantaine de personnes a assisté à la restitution des résultats de "27 années de mesures de la pollution longue-distance" dans les Écrins. Une analyse réalisée à partir des données collectées par la station de mesure installée depuis 1989 sur les hauteurs du Casset, dans le Briançonnais.

Aude Bourin, IMT Lille-Douai - restitution de 27 ans de mesures au Casset. © C.Coursier - Parc national des Écrins Dès lors que chacun de nous respire entre 10 000 et 20 000 litres d'air par jour, la qualité de cet air a forcément un impact sur notre santé. C'est ce qu'a rappelé Aude Bourin, ingénieure de recherche au département des Sciences de l'Atmosphère et Génie de l'Environnement de l’École Nationale Supérieure Mines Télécom Douai (IMT Lille Douai), en ouverture de son intervention, mercredi 29 août dernier, lors de la soirée proposée au centre d'information du Parc national des Ecrins.

L'intérêt de connaître les polluants transportés dans l'air n'a pas échappé aux auditeurs de cette rencontre. Ainsi, la restitution des résultats de "27 années de mesures de la pollution longue-distance" collectées par la station de mesures située sur les hauteurs de ce hameau du Monêtier-les-Bains a rassemblé près d'une cinquantaine de personnes.

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Qualité de l'air : A quoi sert la station de mesure de la pollution atmosphérique du Casset
Pollution atmosphérique  : 27 ans de mesures dans les Écrins

restitution de 27 ans de mesures au Casset. © C.Coursier - Parc national des Écrins Les scientifiques qui animaient ce rendez-vous avaient à coeur de partager les connaissances acquises tout en étant précis sur les résultats obtenus. Les questions des auditeurs de cette soirée de restitution ont montré tout l'intérêt porté à la problématique de la pollution atmosphérique, dans un contexte de santé publique et d'impact sur l'environnement.
Pour les agents du Parc national, c'était aussi l'occasion de pouvoir bénéficier des résultats des travaux réalisés à partir des données collectées par la station de mesures du Casset dont ils contribuent au bon fonctionnement et à la fiablilité des données collectées. De fait, les résultats enregistrés dans les Ecrins corroborent ceux observés dans les autres stations de mesures du réseau national. 

Aubeline Bellom, stagiaire de Master qui a analysé les données de 27 ans de mesures au Casset. © C.Coursier - Parc national des Écrins  restitution de 27 ans de mesures au Casset. © C.Coursier - Parc national des ÉcrinsL'analyse des retombées atmosphériques collectées à la station de mesure du Casset souligne une amélioration de la qualité des eaux de pluies. C'est ce qu'a relevé Aubeline Bellom, étudiante en master 1 à l'Institut de géographie alpine. Elle a mis à profit son stage à l'IMT Lille-Douai pour réaliser ce travail d'analyse important, en s'appuyant sur les données récoltées au Casset depuis 27 ans, à partir des retombées atmosphériques collectées sous la forme de dépôts humides. Une nouvelle encourageante, effet positif direct des réglementations françaises et européennes en matière d'émissions de polluants, a été détectée sur la composition des eaux de pluie en soufre (sous forme de sulfate).

La présence de composés azotés (sous forme de nitrate notamment) diminue en revanche de façon beaucoup moins tranchée dans les eaux de pluies. Or, ces éléments peuvent avoir de potentiels impacts sur la végétation et les sols. C'est également le cas de l'ozone, un gaz présent dans l’air ambiant, marqué par l’absence d’évolution significative sur les "niveaux de fond". Il faut noter cependant que les épisodes de pollution en ozone (pics) ont tendance à être moins fréquents au Casset. Les résultats obtenus au Casset vont dans le sens des évolutions mondiales.

Si l'ozone situé dans la haute atmosphère nous protège des rayons UV, l'ozone des "basses couches" que nous respirons, est un polluant lié aux activités humaines... Les niveaux de concentration relevés au Casset sont inquiétants mais c'est également le cas de l'ensemble du quart sud-est de la France. Une situation mise en exergue par Pierre Sicard, chercheur à ARGANS, Sophia Antipolis. Il a insisté sur les concentration en ozone plus élevées en zones rurales... et qui plus est en altitude. Dans son intervention, il a témoigné des premiers résultats de l'étude sur l'impact de l'ozone sur les mélèzes, initiée depuis l'an dernier au Casset dans le cadre du programme européen "Life" MOTTLES (MOnitoring ozone injury for seTTing new critical LEvelS). A suivre donc...

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