Deux espèces rares trouvées dans les Écrins

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Une punaise et une mousse font leur entrée dans le cercle des bijoux naturels du massif  ! Bien des espèces, encore méconnues, constituent une richesse indéniable pour la biodiversité du Parc national.

Les bijoux de famille ne sont pas toujours là où on croit les trouver... En effet, si le patrimoine d'un parc national s'est souvent bâti autour d'espèces symboles de la montagne (chamois, bouquetin, aigle royal), il demeure encore bien des espèces d'une grande rareté, souvent méconnues, qui constituent une indéniable richesse pour la biodiversité d'un espace sauvegardé.

Il en est ainsi de deux espèces découvertes récemment : un insecte et une mousse...

Tout d'abord Eurygaster dilaticollis, punaise connue d'une seule localité sur le territoire français (Allos, 04). Elle a été découverte par François Dusoulier l'été dernier dans la partie sud-ouest du Parc (communes de Champoléon et d'Orcières), autour de 2 000 m d'altitude. Ces observations sont non seulement nouvelles pour le Parc et le département des Hautes-Alpes, mais également pour la France, puisque c'est la première fois depuis 1938 que l'espèce est « sciemment » observée (elle avait en effet été capturée en 1957 dans les Pyrénées-Orientales, mais confondue avec une autre espèce).

Au total, moins de 15 localisations de cette espèce sont connues sur l'ensemble de son aire de distribution.

 

Ensuite, Brachythecium cirrosum2010-03-mousse-new (= Cirriphylum cirrosum), mousse des rochers de haute montagne et de Scandinavie, elle est extrêmement rare dans les Alpes du sud. Elle a été découverte au col de la Ponsonnière par Cédric Dentant, également l'été dernier (il y a des bonnes saisons comme ça !). Connue à l'heure actuelle uniquement des Alpes-Maritimes, des Pyrénées-Orientales et de l'Ain, cette espèce est donc une donnée nouvelle pour les Hautes-Alpes et le Parc national des Écrins.

Bijoux de famille : qui sont t-ils ?

Bien sûr, ces deux trouvailles sont à remettre dans un contexte particulier : les deux groupes considérés sont peu étudiés, et donc en bonne partie sous-prospectés. Il n'en demeure pas moins que le recoupement du travail de terrain actuel et passé (à l'aide des collections naturalistes et des publications) tend à prouver la véritable rareté de ces deux espèces.

Définir ce qui est patrimoine de ce qui ne l'est pas revêt une bonne part de subjectivité collective : on s'attarde sur ce qui « marque » les esprits, sur ce qui « représente » - même abusivement - le monde sauvage.

Ainsi a été créé le terme de « patrimoine naturel » : il regroupe tous les éléments (espèces, milieux) de notre environnement naturel que nous jugeons digne d'être préservés et surtout... transmis ! Il y a ainsi peu de chance pour que nos deux nouvelles amies prennent une place notable auprès du bouquetin ou de l'aigle...

Mais à trop restreindre les symboles de la biodiversité, le risque est d'en voir disparaître une bonne partie sans aucun émoi.

L'année mondiale de la biodiversité est peut-être l'occasion de donner une certaine noblesse à l'ensemble de ces bijoux naturels, mousses et punaises comprises.

 

A lire aussi, notre dossier "Petites bêtes en voie d'extinction", à propos de quatre criquets rares qui vivent au bord des grandes rivières alpines, inscrits sur la liste rouge des espèces menacées en France, et qui ont été trouvés par les agents du Parc national des Écrins lors d'une journée de prospection collective en Haute-Durance l'an dernier.