Dimanche 23 mars, 6 heures du matin, le portable de Michel Bouche, technicien patrimoine au Parc national des Ecrins, affiche un SMS en provenance de Suède, pays d'origine du fabricant des colliers-émetteurs du programme de suivi des bouquetins. Il s'agit d'une alerte automatique : Diego, un mâle de 8 ans équipé d'un collier GPS, ne bouge plus depuis plus de 5 heures, ce qui signifie qu'il est probablement mort.
Il faut donc aller vérifier sur place et ramener éventuellement des prélèvements pour analyse puisque la recherche des causes de mortalité chez le bouquetin est l'un des objectifs majeurs de ce programme scientifique.
Michel vérifie les dernières localisations afin de s'assurer que la zone est accessible en cette fin de mois de mars. Il relève les coordonnées du point, édite les cartes et contacte Rodolphe, le collègue qui suit plus particulièrement les bouquetins dans le Champsaur. Rendez-vous est pris pour le lendemain. La météo est favorable.
"Lundi 24 mars, nous remontons à skis le vallon au-dessus de Prapic en direction du lac des Pisses. Il est tombé environ 20 cm de neige fraiche.
Vers 2000 m d'altitude, nous atteignons le point indiqué par le collier du GPS de Diego qui, dès lors que l'animal ne bouge plus depuis plus de cinq heures, émet sur une autre fréquence après avoir envoyé l'alerte par téléphone satellite.
C'est Rodolphe qui le découvre : seule l'extrémité d'une corne dépasse de la neige, au pied d'une barre, en bordure de couloir.
Malheureusement, la technologie n'a pas failli. Nous le dégageons et décidons de redescendre le cadavre qui est en très bon état et qui pourra être naturalisé après autopsie.
Commence alors une descente pénible dans laquelle les 70 kg de Diego, pourtant très amaigri, jouent le rôle d'une ancre dans la neige molle et fondante. Et c'est avec plaisir que nous acceptons l'aide d'Alban, agriculteur à Prapic, qui transportera le cadavre avec son tracteur sur les dernières centaines de mètres.
A 16 h 30, le cadavre de Diego est déposé au laboratoire départemental vétérinaire de Gap."
Le résultat des analyses permettra, en cas de maladie avérée, d'estimer le risque pour la population de bouquetins, le risque de transmission aux animaux domestiques et, éventuellement, le risque pour la santé publique. Lors de sa capture, aucune maladie n'avait été détectée chez Diego à partir des prises de sang.
Pour information : le bouquetin est une espèce protégée. De par la loi, le transport de tout ou partie de l'animal (cornes en particulier) est interdit sauf autorisation... dont disposent les agents du Parc national dans le cadre de leurs missions.
Diego, capturé début mai 2013 au-dessus du refuge du Tourrond, a passé l'été au fond de la vallée de Champoléon, puis l'automne sur Orcières sous le Roc Diollon. Après une incursion début décembre à proximité du refuge des Bans dans la vallée de Vallouise, il était revenu hiverner au fond du vallon des Pisses au dessus de Prapic. En moins d'un an, il a parcouru plus de 450 km sur un territoire de près de 15 000 hectares.
Diego a été retrouvé mort à l'emplacement du 17 décembre 2013 à Prapic.
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Diego, le bouquetin "voyageur" - juillet 2013
Diego fait partie des 11 bouquetins équipés d'un collier émetteur et "prénommés" par les écoliers de Pont-du-Fossé et d'Orcières. Depuis sa capture, il a déjà parcouru une bonne trentraine de kilomètres entre Champsaur et Vallouise.
Suivez les bouquetins
Une application en ligne vous permet de visualiser sur votre écran d'ordinateur ou votre smartphone les déplacements des huit bouquetins actuellement équipés d'un collier-émetteur dans les Ecrins. Un outil de partage des données scientifiques, utile notamment pour les écoliers du territoire qui suivent cette opération.
L'Europe (FEDER), le ministère de l'Ecologie et les régions Rhône-Alpes et PACA soutiennent cette action du Parc national des Écrins.
