Glacier Blanc : un bilan déficitaire... dans la moyenne

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Glacier Blanc © Thierry Maillet - PNE
Après un hiver moyennement enneigé et un été contrasté (des mois de juin et d’août caniculaires et un mois de juillet frais), la fonte du glacier Blanc s’est poursuivie en 2025, avec une perte de glace estimée à 0,73 mètre d’eau. Ce déficit est proche de la moyenne des 25 années d’observation du glacier Blanc.

Une fonte précoce mais irrégulière

Du fait de l’arrivée d’une vague de chaleur exceptionnelle de par sa durée en début d’été (de mi-juin à début juillet), la fonte du glacier Blanc en 2025 a commencé de manière très précoce et a tout de suite été très intense (températures excédant les 10°C à 3200 m d’altitude entre le 9 juin et le 5 juillet). Elle a été fortement ralentie à la faveur d’une deuxième quinzaine de juillet particulièrement fraîche et arrosée en neige en altitude au-dessus de 2500 m. La fonte a ensuite repris, à nouveau de manière intense vers la mi-août (du 7 au 18), pour s’arrêter progressivement vers la fin septembre à la faveur des premières chutes de neige automnales (juste une trentaine de centimètres de glace supplémentaire perdue début octobre au niveau du front du glacier Blanc).

Un bilan de masse moyennement déficitaire

L’hiver 2025 a été marqué par des chutes de neige moyennes et irrégulières. Avec une accumulation équivalant à 1,73 m d’eau environ, l’enneigement du glacier Blanc au printemps 2025 constitue une année moyenne des 25 années de mesure. Contrairement à l’enneigement exceptionnel de l’hiver 2024, ce stock de neige moyen s’est avéré propre et blanc : une fois n’est pas coutume, l’hiver 2025 n’a subi que peu d’apports de sable saharien accroissant l’absorption du rayonnement solaire par le manteau neigeux et accélérant ainsi sa fonte. De ce fait, malgré une canicule particulièrement précoce, intense et exceptionnellement longue pour un mois de juin (+17°C le 21 juin à 3200 m), le manteau neigeux a plutôt bien résisté et, à la faveur d’un mois de juillet plus frais, le glacier a gagné une couverture neigeuse estivale modérée mais qui a certainement limité sa fonte face à la seconde vague de chaleur qu’il a subi à la mi-août. La perte de masse, systématique depuis 10 ans, du glacier se trouve ainsi dans la moyenne des 25 années de mesure avec une fonte équivalent à 2,46 m d’eau environ.

Malheureusement, la valeur d’accumulation moyenne est loin de compenser celle d’une fonte moyenne mais prédominante et c’est lors de la première quinzaine d’août que le glacier a basculé vers un bilan déficitaire atteignant -0,73 m d’eau le 16 septembre 2025, une valeur qui s’avère donc dans la moyenne en regard des 25 années de suivi du glacier Blanc mais qui maintient le glacier dans sa perte de masse certaine.

Recul du front du glacier par sursauts

Comme lors des années précédentes, le front a évolué de manière hétérogène du fait de sa position enchâssée dans une gorge rocheuse : -4 m en 2021, -30 m en 2022, -1,7 m en 2023 et -16 m en 2024. Le recul annuel en 2025 est de -17 m et le front du glacier se trouve ainsi toujours aux alentours de 2650 m d’altitude.

Ces différents relevés sont possibles grâce à l'engagement des glaciologues Mylène Bonnefoy et Emmanuel Thibert de l'Institut des géosciences de l'environnement, ainsi qu'aux membres du groupe opérationnel glaciers du Parc national. Un grand merci à eux.

Les mouvements du glacier Blanc

Grâce aux instruments installés par le Parc national des Écrins, découvrez en vidéo le mouvement du glacier Blanc : l’évolution de son front, sa perte de masse, et les transformations qu’il subit au fil des saisons.