
Désormais, le nid n'est jamais vide. C'est le signe qu'attendaient depuis quelques temps les observateurs du trio de gypaétes qui, depuis l'an dernier, s'est installé dans les Ecrins et a mené à bien
une première reproduction.
"L'œuf a été pondu le 9 ou 10 janvier" estime Nils Paulet, garde-moniteur au Parc national des Ecrins. Le 8 janvier, les trois oiseaux passaient encore de longues heures en vol sans revenir au nid qu'ils ont construit à l'ubac, sur le versant opposé du site occupé l'an dernier.
"Les mouvements de l'adulte sur le nid laissent penser qu'il retourne l’œuf pour le réchauffer".
La couvaison est en route.
Toutes les précautions prises pour préserver la quiétude des oiseaux restent donc, plus que jamais, d'actualité.
Glaciéristes, skieurs de couloirs, merci d'éviter la zone de Malaval.
Les guides de haute-montagne, l'association Envergures alpines, les sites de pratiquants et l'ensemble des socio-professionnels font d'ores et déjà circuler l'information. Des panneaux d'information ont été installés sur les sites d'accès aux cascades par les agents du Parc national.
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Comment savez-vous qu’il y a eu ponte, et quand ?
Ils ont construit leur nid le mois dernier, en ubac, sur le versant opposé de l’an dernier. Le 8 janvier encore, les trois rapaces étaient en vol. L’œuf a probablement été pondu le 9 ou le 10. On note clairement qu’un oiseau reste toujours au nid – ou n’en sort que pour se dégourdir les ailes – et semble retourner l’œuf pour le réchauffer.
C’est un mois plus tôt que l’an dernier, pas de risques pour le petit ?
Les premières reproductions sont souvent tardives et démarrent plus tôt lorsque les parents sont plus aguerris. Nous sommes donc dans la bonne période : la ponte se déroule normalement entre janvier et février.
Qu’advient-il de Muzelle, l’aîné ?
On ne le voit plus trop voler dans le coin depuis le mois de décembre. Les parents invitent généralement le grand à prendre son autonomie. S’ils se rencontraient sur une carcasse, ils le toléreraient, mais il s’est probablement éloigné.
Comment se portent les parents ?
Ils se relaient au nid. C’est un peu la disette pour eux en ce moment. Il fait froid, mais il y a peu de neige. Peu d’ongulés meurent, c’est donc peu de carcasses pour se nourrir, il leur faut aller plus loin. C’est tout ce qui les occupe en ce moment : couver et prospecter pour trouver à manger.
Quelle suite pour l’œuf ?
Il faut compter 55 jours de couvaison environ, il devrait éclore début avril. Ensuite, il faudra compter encore 120 jours en moyenne pour qu’il prenne son premier envol, puis il reste fragile toute la première année. Il y a beaucoup d’aléas potentiels d’ici là, il faut espérer que tout se passe bien.
C’est une bonne nouvelle pour le Parc national des Écrins ?
Bien sûr, nous sommes tous ravis qu’ils s’installent de manière durable. Cela incitera peut-être d’autres couples à venir dans des vallons voisins, comme c’est souvent le cas lorsque les reproductions sont prospères. Et c’est beau pour l’espèce en général, ils font la reconquête d’un territoire qu’ils avaient perdu.
Par Valérie MERLE - Dauphiné Libéré