Le lézard ocellé, toujours présent en Embrunais

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Fructueuse prospection cette semaine pour les agents du secteur qui ont observé un couple de ce grand lézard, le plus grand d'Europe, totalement protégé et témoin de l'influence méditerranéenne sur le sud des Écrins.
 
Lors d'une prospection à la recherche du Lézard Ocellé (Lacerta lepida), mardi 1er juin, les agents de l'Embrunais ont retrouvé cet animal, espèce mythique pour ce secteur.
Damien Combrisson, garde-moniteur, raconte cette heureuse rencontre.

"Le lézard ocellé est le plus grand lézard d'Europe, la longueur du corps atteignant 24 cm chez le mâle et près de 75 cm avec la queue. Il 's'agit d'une espèce à répartition méditerranéenne qui trouve donc chez nous une limite septentrionale à son aire de répartition (sur la façade atlantique on le retrouve jusqu'en Charente maritime). Il est donc un témoin privilégié de l'influence méditerranéenne qui s'exerce dans l'Embrunais à la faveur de l'axe Durancien.

Totalement protégé, la première mention du lézard ocellé est réalisé en 1978 par Alain Delcourt. Il faudra attendre 18 ans pour contacter de nouveau l'espèce en 1996 grâce à la persévérance de Daniel Fougeray qui l'observera jusqu'en 2003, date de son départ du secteur.

Aucune observation entre 2003 et 2009...

Depuis lors, nous avions vainement cherché à observer l'animal et nous finissions même à douter de sa présence actuelle...
Finalement c'est en septembre 2009 que le contact est rétabli, presque par hasard alors que je circulais lentement à véhicule sur une route communale de Savines-le-Lac.

Fort de cette découverte, nous avons donc organisé plusieurs prospections sur cette espèce et celle d'aujourd'hui était à la hauteur de nos attentes.


L'espoir fait vivre, dit-on, et j'ai donc naturellement choisi de revenir sur ce même chemin, pour voir sous la même pierre s'il n'y avait pas notre "fameux lézard".
 
En m'approchant doucement du bloc de pierre, j'entend furtivement un petit bruit de fuite. J'ai juste le temps d'observer une queue de lézard se faufiler sous le bloc. Équipé de la longue vue et de l'appareil photo me servant pour la digiscopie, je décide de prendre du recul et de monter dans le champ qui domine le rocher. Quelques minutes d'attente sont vite récompensées par la sortie d'un lézard ocellé venant prendre un bain de soleil.
La tête anguleuse, le cou large et la mâchoire proéminente me font penser à un mâle adulte. Passée l'émotion de cette découverte, je prends rapidement quelques photos en digidcopie de l'animal. Grâce à la longue vue, la distance d'observation permet de respecter la quiétude du lézard qui se pavane au soleil depuis plusieurs minutes.

Ce mâle de lézard ocellé est rapidement rejoint par un deuxième individu qui présente une tête plus fine et que j'identifie comme étant une femelle. Celle-ci, en sortant progressivement de sa cachette va poser la tête sur le bas du dos de son conjoint. C'est une chance inouïe de pouvoir observer ce couple dont l'intimité du comportement laisse envisager une période de reproduction plutôt active. Il faut se souvenir que cette population de lézard est à la marge de son aire de répartition habituelle et que celle-ci est peut être isolée du reste de la population méditerranéenne, ce qui bien évidement la rend encore beaucoup plus fragile...
Dans ce contexte, toute observation apporte des informations précieuses notamment lorsque qu'un comportement lié à la reproduction peut y être noté.

 
Finalement, la matinée se termine par une observation collective du couple de lézard ocellé par l'ensemble des agents du secteur mobilisée sur cette prospection. Nous en profitons pour améliorer nos connaissances de terrain de cette espèce (type d'habitat, indice de présence tel que les crottes, comportement,...).
Notre petit groupe est rejoint par l'agriculteur qui travaille dans le secteur, avec lequel nous parlons de lézard et de protection. Ses observations personnelles nous ont donné quelques pistes qui nous serviront pour orienter nos prochaines prospections."