Les patrimoines de Faudon

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Belle participation à la journée du patrimoine de pays sur le site de cet ancien village médiéval, à Ancelle. L'occasion d'en savoir un peu plus sur les richesses naturelles et historiques de ce lieu.

Pas moins de 80 personnes, Champsaurins et Gapençais, ont résisté au vent glacé qui soufflait sur les crêtes de Faudon, le dimanche 20 juin dernier. La journée du patrimoine de pays a été pour elles l'occasion de découvrir le paysage et l'histoire des hommes sur le site de l'ancien village médiéval de Faudon. La journée était organisée par l'Association le Pont Blanc avec l'aide du parc national des Écrins et de la commune d'Ancelle.

Le maire, Gilbert Jourdan a accueilli le groupe au col de Moissière et Gérard Godrie (association Le Pont Blanc) leur a présenté les intervenants : François Ricou archéologue, René Lhénaff géographe et géomorphologue, Marc Corail et Didier Brugot, agents du parc national des Écrins.

La mare et le pâturage de Faudon, habitats pour des animaux et des plantes remarquables.
Marc Corail a présenté les plantes et les animaux des alentours de la mare de Faudon : le vulpin fauve, Alopecurus aequalis, « herbe » des terrains temporairement inondés ; l'orchis musc, Herminium monorchis, petite orchidée protégée des prairies humides ; le crapaud accoucheur, Alytes obstetricans et le triton alpestre, Triturus alpestris, deux amphibiens protégés. Une clôture installée en concertation avec les éleveurs protège les rives de la mare du piétinement des bovins. L'analyse des pollens par M. Court-Picon dans une carotte de 6 m de sédiments déposés depuis 1400 avant J.-C. au fond de la mare, a permis de reconstituer la succession de la végétation à Faudon. Un travail d'évaluation de la valeur patrimoniale du site de Faudon, fait par les agents du parc national, place celui-ci dans le groupe de tête des sites majeurs sur le territoire du parc national en raison de ses multiples atouts naturalistes et culturels.

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Faudon, un site historique particulièrement utilisé à l'époque médiévale.
2010-06-faudon6C'est François Ricou qui a présenté les premiers résultats des fouilles archéologiques commencées en 2005 avec l'autorisation de la Direction régionale des affaires culturelles. Le premier objectif a été de dresser le plan des vestiges de murs des terrasses et des bâtiments en pierres sèches de grès du Champsaur, matériaux abondant localement. Cette cartographie précise permettait de choisir les emplacements les plus pertinents pour ouvrir le sol dans quatre sondages archéologiques. Au bout de 5 ans de recherches assidues, la découverte progressive de quelques objets permet de préciser la période principale d'occupation de l'ancien village au Moyen-Âge, plus précisément au Xe et XIe siècle : fragment de collier en bronze, perle en verre, aiguille à chas en os pour percer le cuir, molette en galet pour moudre la farine, tesson de céramique, clous et anneau de fer, restes d'os de moutons, chèvres, porcs et vaches. Quelques scories dispersées dans les cailloux de grès sont l'indice du travail des métaux dans une forge.

Les panoramas grandioses de Faudon aident à la découverte de l'histoire du relief.
René Lhénaff quant à lui, a donné des clés pour comprendre l'origine des paysages en expliquant la création des formes de relief toutes proches. Des glissements de terrain ont pris naissance dans les terres noires après la fonte des anciens glaciers, créant dans leur mouvement rotationnel, un creux propice à retenir la mare de Faudon. La couche résiduelle de grès du Champsaur qui forme le sommet de Saint-Philippe a ainsi été entraînée et brisée en chaos de blocs, au sud jusqu'aux Casses de la Bâtie-Neuve et au nord jusqu'au cimetière du Château d'Ancelle. Au loin vers le sud, le dôme de Remollon et le sillon gapençais gardent la trace du passage du glacier de la Durance. Au nord, la plaine d'Ancelle enchâssée par les moraines de l'ancien glacier du Drac et du glacier de la Rouanne, est formée du remplissage d'un ancien lac par les alluvions torrentielles. Vers l'ouest les plissements du versant oriental du Dévoluy sont un épisode de la formation des Alpes ainsi que le chevauchement du socle cristallin des Écrins sur la dépression sédimentaire du Champsaur. Vers l'est, les Autanes et le Piolit sont le front d'une nappe de charriage composée des flyschs déposés au fond d'un ancien océan.

Les « lentilles » de Faudon, témoins fossiles des fonds marins proches de la chaîne alpine en formation.
Aidé par un Ancellus, Didier Brugot a raconté l'histoire du sentier des « lentilles », depuis la croyance populaire de leur transformation en pierres jusqu'aux travaux des paléontologues qui sont venus à Faudon étudier les fossiles : Guettard en 1779, d'Archiac en 1845, d'Orbigny en 1850, Lory en 1852. Les fossiles de plusieurs espèces de nummulites, ressemblant à des lentilles, ont permis de dater la période de sédimentation des couches de roches au début du Tertiaire, soit environ 35 millions d'années. Faudon est la localité type pour 21 espèces marines fossiles conservées au Muséum national d'histoire naturelle : gastéropodes, bivalves, échinodermes et cnidaires qui vivaient dans un ancien fond marin riche en coraux. Chacun a pris plaisir à observer quelques uns des fossiles à la loupe binoculaire.

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Dans les Hautes-Alpes, 6 animations ont eu lieu dimanche 20 juin, dans le cadre de la journée national du patrimoine de pays, dont 5 sur le territoire des communes du parc national des Écrins.
• Faudon : site historique du Champsaur à Ancelle.
• Ferme de l'histoire - écomusée de Pisançon à Bénévent-et-Charbillac.
• L'Abbaye de Boscodon et son enracinement humain à Crots.
• Clovis Hugues, écrivain et poète, causerie à la maison des Chanonges à Embrun.
• Le moulin de Villar-Loubière, producteur de farine et d'huile de noix.