
Le massif du Taillefer, véritable château d’eau, rassemblerait plus de 1 000 tourbières situées entre des altitudes allant de 1 600 mètres à Basse Montagne et au Poursollet jusqu’à 2 500 mètres vers l’Émay, en passant par l’emblématique plateau des lacs à 2 000 mètres d’altitude.
Ce massif, d’une biodiversité exceptionnelle, constitue une ligne de partage des eaux entre les bassins versants de la Romanche, au nord, et du Drac, au sud. Deux cours d’eau qui conflueront en aval, à Champ-sur-Drac, puis à Fontaine, pour l’Isère.
La tête de bassin du Taillefer constitue un hydrosystème remarquable alimenté par les eaux de pluie et de ruissellement. La diversité des habitats - tourbières hautes, tourbières de transition, bas-marais, prairies humides, cascades et cours d’eau - offre des fonctions remarquables, telles que l’épuration des eaux, le ralentissement des écoulements ou le maintien du débit d’eau en période de sécheresse.
Ils sont également le support de nombreuses espèces protégées et/ou patrimoniales, parmi lesquels des oiseaux de montagne (tétras lyre, lagopède alpin, perdrix bartavelle), des libellules (aeschne des joncs, cordulie métallique), des papillons (damier de la succise), des amphibiens (triton alpestre, grenouille rousse), des mammifères (chauves-souris en chasse) ou encore des espèces de flore (laîche des tourbières, rossolis à feuilles rondes), tous exceptionnels de beauté et d’adaptation à un climat rude.
Les collectivités et les acteurs de l’eau, conscients de l’enjeu que représente le massif du Taillefer, se sont engagés dans diverses démarches contribuant à la préservation des milieux.
Protéger les tourbières et bas-marais
Parmi ces démarches, on peut citer par exemple la mise en défens des tourbières et bas-marais sous le Pas de l’Envious.
La forte fréquentation du massif du Taillefer a induit ces dernières années une érosion générale des milieux naturels pour laquelle les tourbières et bas-marais sont très sensibles. Ainsi, les 300 premiers mètres du sentier de randonnée pédestre reliant la Jasse à Basse montagne vont être fermés et l’accès sera décalé quelque 100 mètres au nord, dans le sillage d'un ancien sentier à réhabiliter.
Le but est d’éviter le piétinement d’espèces rares et la dégradation de l’alimentation hydrique des tourbières et bas-marais.
Ces travaux sont financés par l’intermédiaire d’un contrat Natura 2000, pris en charge par l’État et la Région (80%) et par la Communauté de communes de l’Oisans (20%). Les travaux vont commencer en ce début d’été 2020.
Prospections et schéma de préservation
Un schéma de préservation des zones humides du massif est porté par le Contrat de Rivière Romanche et financé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Il aura permis l’inventaire d’espèces jusqu’à présent sous-prospectées sur le secteur, du fait de leur caractère très spécialisé.
Ainsi, 243 espèces de mousses dont 45 rares en France ou dans les Alpes ont pu être identifiées. Une nouvelle espèce pour la science, du genre Schistidium, a même été découverte !
Le schéma de préservation aura également permis la concertation des diverses parties prenantes : élus, propriétaires, gestionnaires, usagers. Leur constat est partagé : il est nécessaire de préserver les milieux humides face aux multiples pressions qu’ils reçoivent.
Le label "Rivières Sauvages" pour le bassin versant du Rif Garcin
Un dossier de candidature porté par deux associations, l’ADEO et la Diane du Taillefer, a permis en janvier 2020 la reconnaissance de l’état de conservation exceptionnel du bassin versant du Rif Garcin, via l’obtention du label « Site Rivières Sauvages », délivré par AFNOR Certification.
photo à droite : le bassin versant du Rif Garcin, un site Rivières sauvages
Ces initiatives locales rentrent pleinement dans les objectifs de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse : préserver la ressource en eau, élément vital à toutes formes de vie !