Un lac et des mares interconnectés
Le lac de Pétarel accueille des ombles chevaliers introduits de longue date. Tout comme des vairons utilisés pour la pêche au vif et actuellement présents en grand nombre sur les bords du lac. Pétarel est également entouré de plus petits lacs et mares qui abritent tritons alpestres, grenouilles rousses et insectes aquatiques dont quelques espèces de libellules.
Si ces milieux annexes sont exempts d’ombles chevaliers, plusieurs observations de vairons y ont été signalées depuis 2009. Il existe donc des connexions entre ces différents écosystèmes qui permettent la circulation des poissons. Une étude réalisée par l’Université d’Aix-Marseille en 2022 a permis de faire un point sur la situation.
Point de situation à Pétarel (en haut) et Seyberas (en bas)
Une concurrence alimentaire avec le triton
S’il est avéré que l’introduction de salmonidés (famille dont font partie les ombles chevaliers) dans un lac de montagne entraîne la disparition des amphibiens et des invertébrés existants ainsi qu’une modification du zooplancton, la présence de vairons, malgré leur petite taille, peut également avoir un impact.
Pour en savoir plus sur cette menace, un deuxième volet de l’étude sur le vairon à Pétarel s’est intéressé au régime alimentaire du poisson. Les résultats ont montré une absence de prédation directe du vairon sur le triton : aucun œuf ou individu n’a été retrouvé dans les estomacs des vairons analysés dans les différents plans d’eau. Cependant, en consommant du zooplancton, les vairons modifient la composition, la diversité et la structure du zooplancton. Les régimes alimentaires du triton et du vairon se chevauchant, il existe donc une concurrence alimentaire entre les deux espèces.
Objectif : limiter la colonisation massive de la mare amont
Le lac de Pétarel constitue un réservoir de vairons qui peuvent coloniser les plans d’eau alentours. En effet, en début de phase de dégel au printemps, les vairons circulent massivement entre le lac principal et la mare amont. De la même façon, les poissons peuvent emprunter l’émissaire du lac principal pour coloniser la mare aval et même des portions du ruisseau situées très en aval du lac.
Face à ces différents constats, auxquels s’ajoute l’espérance de survie faible des vairons dans les mares l’hiver par manque d’oxygène, les agents du groupe opérationnel « lacs » au Parc national ont réalisé en fin d’été un seuil s’opposant à la remontée du vairon dans la mare amont.
Concernant la mare aval, la colonisation est plus difficile et le nombre de vairons présents est faible. L’impact étant pour le moment très réduit, il a été décidé de ne rien réaliser pour l’instant et de maintenir un suivi régulier de cette mare.
La jonction entre mare amont et lac principal, avant (en haut) et après (en bas) la construction du seuil