Après s’être réuni à Sarrebourg en 2013 et à Allevard-les-Bains en 2016, le réseau national « Petites chouettes de montagne » s’était donné rendez-vous les 17, 18 et 19 octobre à Florac, au cœur du parc national des Cévennes pour cette 3ème rencontre nationale.
Une centaine de personnes a répondu positivement à l’invitation lancée par l’ONF, le Parc national des Cévennes et la LPO. Des représentants de l’ONF, des parcs nationaux et des parcs naturels régionaux, de la LPO et d’autres associations de protection de la nature, de collectivités locales, des gestionnaires de sites Natura 2000, des chercheurs, des étudiants mais aussi des confrères venus de Suisse et de Catalogne ont échangé durant deux jours sur la chevêchette d’Europe et la chouette de Tengmalm.
''J'ai eu le privilège de pouvoir participer à ces rencontres et d'échanger avec une multitude de naturalistes passionnés et de gestionnaires d'espaces naturels'' témoigne Marc Corail, technicien patrimoine dans le Champsaur, qui compte parmi les spécialistes de cette espèce. "Si l'écologie des deux rapaces a pu être évoquée ainsi que les méthodes de suivis de leurs populations, plusieurs communications ont également porté sur les mesures de gestion forestière nécessaires à leur conservation."
Outre les communications en salle dans l’amphithéâtre Supagro de Florac, une sortie de terrain sur le massif de l'Aigoual a également permis d’illustrer concrètement cette gestion forestière.
Ci-dessous, un arbre à cavités de pic noir où niche occasionnellement la chouette de Tengmalm. Géolocalisé, identifié à l'aide d'un pictogramme et faisant l'objet d'une description détaillée.
Un arbre marqué d'un triangle de peinture sur le tronc afin d'être préserver de toute exploitation et pouvant abrité une multitude d'espèces sensibles (chouettes, chauves-souris, coléoptères...)
Durant les conférences en guise de pause récréative, il était possible d'admirer le reportage de Clément Couturier, jeune photographe, sur le travail photographique de David Allemand qu'il a suivi dans les forêts du Champsaur à la recherche de la chevêchette, notamment.
Pendant les Rencontres, Marc Corail a également présenté l'important travail d'analyse du régime alimentaire de la chevêchette d'Europe réalisé par Yves Kayser, ingénieur de recherche à la Tour du Valat, sur la base d'un lot de pelotes de réjections collectées dans le Champsaur et le Dévoluy entre 2015 et 2019.
Ce travail sur le régime alimentaire de la chevêchette a fait depuis l'objet d'une publication conjointe entre la LPO PACA, la Tour du Valat et le Parc national des Ecrins, d'où sont tirés l'introduction et les illustrations suivantes
Dans les Hautes-Alpes, la chevêchette d'Europe, Glaucidium passerinum, a fait l'objet de recherches ciblées depuis les années 1990, essentiellement sur les Alpes internes (Briançonnais, Queyras, Embrunais). A l'ouest du département, les mentions de l'espèce sont restées extrêmement rares jusqu'en 2009, où à l'occasion de la dynamique portée par le CRAVE, le Parc national des Ecrins puis le réseau national Petites Chouettes de Montagne, les prospections se sont intensifiées dans le Champsaur ainsi que le Dévoluy et ses contreforts. Sur ces deux secteurs, dix ans plus tard, l'oiseau a été contacté sur au moins 55 territoires (respectivement 35 et 20). Sur 24 de ces territoires, sa reproduction a été confirmée soit par la découverte directe de nids soit par l'observation de jeunes fraîchement envolés. Dès les premières reproductions recensées, les pelotes de réjection ont été collectées, au même titre que celles des autres rapaces nocturnes dans un but d'inventaire des micro-mammifères forestiers pour abonder l'Atlas des mammifères de Provence-Alpes-Côte d'Azur (LPO PACA 2017).
En 2019, après plus de 1 500 proies analysées, il était temps de faire un premier bilan du régime alimentaire de la chevêchette d'Europe, encore inédit dans un contexte ''Alpes du Sud''.
Avec 5 jeunes à l'envol, ce couple de chevêchettes d'Europe multiplie les ravitaillements en proies, mulot indéterminé Apodemus sp (à gauche) et mésange noire Periparus ater (à droite). Laye 20 Juin 2019 © Florian Girardin.
Le campagnol roussâtre Myodes glareolus constitue, à lui seul, 1/3 du régime alimentaire de la chevêchette d'Europe. Pendant l'élevage des jeunes au nid, le mâle apporte les proies à l'extérieur puis appelle la femelle qui seule va nourrir les jeunes à l'intérieur de la cavité. Dévoluy Juin 2017 © Frédéric Spada.
Site de nidification en pré-bois de mélèzes après la saison de pâturage, Orcières 06 Novembre 2019 © Marc Corail.