''Sur les 147 espèces déjà observées en France métropolitaine depuis le XIXe siècle... 105 sont représentées en PACA sous forme de populations'', c'est ainsi que débute cet ouvrage, fruit d'une collaboration de six années entre la Ligue pour la Protection des Oiseaux de PACA, le Groupe Chiroptères de Provence et le Groupe d'Etudes des Cétacés de Méditerranée. Cet atlas compile et analyse près de 170 000 données régionales de mammifères, collectées par leurs soins mais aussi par une large communauté de naturalistes. Ces amateurs et professionnels contribuent de manière individuelle ou par un réseau d'associations naturalistes, de bureaux d'études, de centres de recherches ou d'organismes publics tels que l'ONF et les espaces protégés (réserves, parcs régionaux et nationaux dont celui des Ecrins).
Marc Corail, garde-moniteur au Parc national des Ecrins dans le secteur du Champsaur explique d'ailleurs qu'en la matière "le Parc national des Ecrins a fait office de précurseur, à une échelle certes plus réduite, puisque dès 1995, il publiait en collaboration avec le Centre de Recherches Alpin sur les Vertébrés, le tome 1 de l'atlas de la Faune sauvage des Alpes du Haut Dauphiné, consacré aux poissons, amphibiens, reptiles et mammifères''. Pour les mammifères, cet ouvrage présentait déjà un premier état des connaissances sur leur répartition dans les Ecrins mais aussi l'ensemble des Hautes-Alpes ainsi que l'Ubaye. Plus de 20 années se sont donc écoulées jusqu'à cette nouvelle synthèse plus étendue que constitue l'Atlas régional de 2016.
L'évolution des connaissances
Marc nous donne quelques précisions sur les "nouveautés" que vous pourrez trouver dans le nouvel atlas. ''L'évolution de nos connaissances sur ce pas de temps est remarquable. Si l'on prend le cas des chauves-souris, par exemple, sur les 29 espèces connues dans les Hautes-Alpes aujourd'hui, 18 seulement étaient recensées dans l' atlas CRAVE/PNE de 1995.
Cette progression est due en grande partie à l'évolution des techniques d'étude et de prospection mais aussi à un engouement important que cela a suscité depuis chez les naturalistes''.
Parfois ce sont aussi les progrès de la génétique qui ont permis de distinguer de nouvelles espèces comme le mulot alpestre, l'oreillard montagnard ou la musaraigne du Valais.
Enfin cette progression est aussi due à une évolution naturelle des populations animales. ''Que l'on songe simplement au cas du castor : encore absent du Buëch et de la Durance haut-alpine en 1995, il remonte aujourd'hui jusqu'au pied de Serre-Ponçon !''. Il faudrait encore citer l'expansion géographique importante d'ongulés sauvages comme le chevreuil, le chamois ou le bouquetin alors à peine réintroduit... Et puis en guise d'anecdote, "la genette n'était alors citée qu'à deux reprises, le loup encore mentionné dans les espèces disparues".
Ci-dessous, Pierre Rigaux, coordinateur de l'Atlas régional, remet à Richard Bonet, responsable du service scientifique, un exemplaire de l'ouvrage : une belle collaboration !
L'implication du Parc national des Ecrins dans ce nouvel atlas
En 40 années, le Parc national a collecté plus de 42 000 données de mammifères dans l'aire régionale de PACA dont 15 000 depuis 2010. S'il est toujours intéressant de voir ce travail exprimé et valorisé au travers d'une publication telle qu'un atlas régional, il est surtout très intéressant de replacer l'état de nos connaissances dans un contexte plus global.
C'est en se penchant sur l'ensemble des données régionales pour la monographie de l'Oreillard montagnard, que Marc, spécialiste des chiroptères, a pris conscience de l'importance des petites colonies locales de reproduction. "En l'état actuel des connaissances, sur les six colonies recensées en PACA, cinq se situent dans la vallée du Champsaur''. La responsabilité du Parc national en est d'autant plus grande en terme de conservation* . En effet, cet atlas a aussi vocation à sensibiliser le plus grand nombre à la protection des mammifères, ainsi chaque monographie présente un paragraphe sur l'état de conservation de l'espèce dans la région.
La collaboration du Parc national s'est naturellement traduite par l'implication de certains agents dans la rédaction de monographies et l'apport de photos. C'était l'occasion notamment de mettre en lumière les suivis réalisés sur le territoire du Parc national concernant par exemple la marmotte, le lièvre variable ou encore le campagnol fouisseur dont l'aire régionale de distribution se limite au nord du Briançonnais.
Des observations en direct
A peine publié, l'atlas... le livre, le bel objet en main... est déjà dépassé par toutes les observations qui continuent d'alimenter en ligne les bases de données naturalistes !
Chaque témoin peut, s'il le souhaite, devenir contributeur en transmettant ses observations de mammifères, mais aussi d'autres espèces, sur différentes plateformes naturalistes.
Sur le site faune-paca.org, il est aussi possible d'observer en direct l'avancement des cartes de répartition de l'atlas ! Vous y trouverez également une multitude d'autres informations.
C'est aussi une façon de compléter les connaissances du Parc national puisqu'il existe une convention d'échanges de données avec la LPO et avec le Groupe chiroptères de Provence.
Lire aussi Des données partagées entre le Parc national et la LPO PACA - février 2016
Feuilletez quelques pages de l'atlas des mammifères de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Pour les amateurs de "collector" (pas encore "vintage"...), l'atlas de 1995 est toujours en vente sur le site internet ainsi que dans les Maisons du parc national : Faune sauvage des Alpes du Haut-Dauphiné - Atlas des vertébrés - Tome 1 - Poissons, amphibiens, reptiles, mammifères / Parc national des Ecrins & CRAVE (Centre de recherches alpin sur les vertébrés), 1995, 303 p., retirage 2001
* Et puis, pour en savoir plus et échanger sur le sujet, Marc Corail présentera, le 24 août 2016, une projection sur les oreillards des Ecrins suivi d'une présentation de l'Atlas des Mammifères de PACA par Pierre Rigaux, chargé de mission ''mammifères'' à la LPO et coordinateur de l'atlas régional.
