Rapaces et vol libre : vers une meilleure cohabitation aux Deux-Alpes

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Face au dérangement possible des rapaces nichant dans la vallée du Vénéon, la Mairie des Deux-Alpes et les équipes du Parc national en Oisans s’interrogent depuis quelques mois sur la façon de mieux sensibiliser les parapentistes à cette problématique. Après une concertation à l’automne, des premiers panneaux d’information ont été posés pendant l’hiver.

Parapente en montagne © M. Coulon - PNE

Des espèces sensibles et parfois rares

La vallée du Vénéon abrite plusieurs espèces de rapaces protégés comme le faucon pèlerin, adepte des falaises, le circaète Jean-le-Blanc, migrateur qui rejoint le massif des Écrins à la belle saison ou encore le rare et fragile gypaète barbu, récent nicheur en sud Isère après des années d'absence. Chacun possède son propre cycle de vie et son milieu de prédilection, mais tous restent assez sensibles au dérangement, en particulier pendant leur période de reproduction.

Circaète Jean-le-Blanc en vol © M. Coulon - PNE Faucon pèlerin au Bourg d'Oisans © D. Fiat - PNE Gypaète en Oisans © T. Maillet - PNE

Quelques espèces de rapaces : de gauche à droite, le circaète Jean-le-Blanc, le faucon pèlerin et le gypaète barbu.

Des risques réels de dérangement

Parapente sur fond de Venosc et les Deux-Alpes © C. Coursier - PNE Sous l'impulsion des élus municipaux des Deux-Alpes, notamment de Venosc, une concertation a été lancée à l'automne 2023 autour de la cohabitation des rapaces et la pratique du vol libre. En effet, cette discipline peut avoir un impact sur la tranquillité des oiseaux, comme l’explique Julien Charron, chargé de mission activités de pleine nature au Parc national. « C’est au moment de leur reproduction que les rapaces sont les plus sensibles. Si un parapentiste passe trop près du nid, ils peuvent avoir peur et s’envoler. Cet abandon du nid en pleine couvaison, même pendant peu de temps, peut avoir des conséquences irréversibles, comme le gel des œufs ou la prédation des œufs par un autre oiseau. »

Une sensibilisation des pratiquants

C’est pourquoi il est apparu opportun que la présence des différentes espèces de rapaces dans le Vénéon soit mieux portée à la connaissance des pratiquants de vol libre de la station des 2 Alpes. Notamment aux visiteurs ne connaissant pas le massif. En début d’hiver 2023, après accord de la municipalité et du gestionnaire du domaine skiable, des panneaux provisoires ont donc été installés par les agents du Parc national aux principaux sites de décollage et d'atterrissage de la station. Ils indiquent visuellement les zones de sensibilité des rapaces et demandent aux parapentistes de faire leur possible pour les éviter. Ces panneaux ont vocation à être remplacés par des modèles plus pérennes dans les mois qui viennent.

Panneau d'information à destination des parapentistes

Un des panneaux provisoires posés pendant l'hiver

L’émergence de nouvelles pratiques

Parallèlement à cela, fin mars 2024, les agents du Parc national ont été associés à des discussions concernant certaines nouvelles pratiques de vol non motorisé, comme le speedflying (ou speedriding). Ce dérivé du parapente se pratique avec de petites voiles bien plus rapides qui procurent des vols à haute intensité, près du relief. Le site des Deux-Alpes côté Vénéon, avec ses fortes pentes et ses couloirs abrupts, se prête apparemment bien à ce sport extrême, dont les pratiquants - qui viennent quelque fois de très loin - sont plus en plus nombreux.

Il a donc semblé nécessaire qu'une discussion naisse entre les différents acteurs et professionnels locaux, pour que ce nouvel usage récréatif puisse trouver une place concertée, sécurisée et respectueuse de la biodiversité de la vallée.