
Les Écrins, un territoire pilote
En juillet 2023, le conseil d’administration du Parc national a validé la participation à l’expérimentation nationale menée par l’ADEME. Les Écrins ont donc rejoint les 6 autres territoires et entreprises touristiques pilotes : le parc naturel régional du Ballon des Vosges, le département de l'Hérault, un camping en Bretagne, un hôtel-restaurant en région Centre-Val de Loire, une agence de voyage en Guadeloupe et un centre de congrès en région Sud.
Côté Écrins, c’est le Parc national qui joue le rôle d’animateur territorial de cette expérimentation, dans un champ d’action inscrit dans sa charte depuis 2013. Pour ce faire, le Parc national a mobilisé une cinquantaine d'acteurs du massif, dont les offices de tourisme, les guides de haute montagne, les gérants de remontées mécaniques, les élus de communes de stations, les gardiens de refuges et les acteurs impliqués dans la démarche « Espaces valléens » et le programme Avenir Montagnes.
Déterminer la vulnérabilité des filières touristiques
Première étape de l’expérimentation : l’ADEME a mandaté le bureau d'étude Ramboll pour établir un diagnostic de vulnérabilité des filières touristiques aux conséquences du changement climatique. Réalisé en fin d’année 2022 à partir d’entretiens auprès d’acteurs clés et d’outils méthodologiques de l’ADEME, cet état des lieux a été présenté lors de la journée du 21 mars. Il apporte un éclairage nouveau sur 5 filières touristiques des Écrins : les activités de pleine nature, la haute montagne, le patrimoine et la culture, les activités nautiques et d’eau vive, et les stations de ski.
Une journée d’échanges pour imaginer le futur
Forts de ce premier état des lieux, le Parc national et ses partenaires ont partagé au cours de la journée du 21 mars des retours d’expériences et des ateliers de travail autour de la transition touristique. Leur objectif commun : identifier les actions qui pourraient permettre d’adapter les filières touristiques aux conséquences du changement climatique à l’horizon 2050, en fonction des différents scénarios du GIEC sur le climat.
Durant toute la journée, différents témoignages ont permis d'alimenter les réflexions :
- Christophe Piana, directeur du syndicat mixte d'aménagement et de développement de Serre-Ponçon, a présenté le plan de résilience mis en place en 2022 suite à la sécheresse historique du lac de Serre-Ponçon qui a été un « accélérateur de prise de conscience ».
- Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Haut-Doubs, a présenté les actions mises en place sur la station de Métabief pour enclencher le passage progressif d'une station de ski à une station de montagne.
- Aurélie Verney-Carron de l'université de Paris-Est Créteil a présenté quelques effets du changement climatique sur le patrimoine culturel tangible et intangible.
- Philippe Bourdeau a témoigné de ses recherches dans les Écrins sur les activités de pleine nature et le changement climatique, notamment au travers du prisme du programme Refuges sentinelles.
Christophe Piana et Philippe Bourdeau pendant leur intervention.
Deux ateliers de travail ont aussi rythmé la journée. L’objectif du premier atelier : travailler sur une vision transversale et partagée des risques climatiques prioritaires pour la filière touristique dans les Écrins. Dans des groupes diversifiés d’une dizaine de personnes, chacun a partagé ses connaissances et ses expériences selon son métier, son territoire et sa filière, sur les impacts observés et/ou envisagés du changement climatique sur le tourisme.
Le deuxième atelier s’est nourri des différentes interventions de la journée pour passer à un mode plus prospectif. L’objectif recherché : réfléchir aux trajectoires d’adaptation de la filière touristique dans le massif. La méthode était là encore basée sur le partage d’expériences selon la réalité de chacun, les capacités actuelles et les trajectoires possibles d’adaptation.
Et la suite ?
Cette journée d’échanges, et plus largement l’expérimentation dans son ensemble, sont un point d’étape important dans un domaine peu investigué en France à l’échelle d’un parc national. À ce jour, il n’y a pas de modèle clé en main pour travailler sur la transition du secteur touristique mais une chose est sûre : la place des collectivités, des socio-professionnels, des scientifiques et de la population locale dans ces enjeux d'adaptation sera centrale.
Après la synthèse des échanges et la finalisation du diagnostic de vulnérabilité, la prochaine étape consistera à définir une trajectoire collective d'adaptation au changement climatique et à élaborer un plan d'actions sur le moyen et le long terme à disposition des collectivités et des acteurs touristiques du massif des Écrins.