Les alpages, des lieux partagés

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Lors de vos randonnées estivales dans les Écrins, la probabilité est grande de traverser des alpages et de rencontrer troupeaux, bergers et chiens de protection. Le pastoralisme, tout comme le tourisme, est une activité indispensable à l’économie du territoire. Chacun a sa place en montagne et l’enjeu pour le Parc national est aujourd’hui de faire cohabiter sereinement ces différents usages.

Sur le plateau d'Emparis © B. Bodin - PNE

Le pastoralisme dans le parc national des Écrins

En bref

  • 104 000 hectares d’alpages pâturés en été par les vaches, moutons, chèvres et chevaux
  • 113 alpages ovins
  • 15 000 hectares de pâturages dits d’intersaisons, utilisés au printemps et à l’automne
  • Prés de 500 exploitations agricoles, principalement pour l’élevage d’herbivores
  • Plus de 115 000 brebis en estive dans les Écrins, dont un peu plus de 43 000 dans le cœur du parc national.

Accompagner le pastoralisme...

Brebis à l'alpage de Dormillouse © J.P. Telmon - PNELa vocation pastorale du parc national des Écrins est inscrite dans sa charte. Plus qu’un patrimoine historique et culturel à préserver, le pastoralisme est un poumon économique du territoire. En louant des alpages en montagne pendant l’été, les éleveurs garantissent à leurs animaux une ressource en herbe pendant 3 à 4 mois. Pendant ce temps sur leur exploitation, ils peuvent récolter et stocker du foin qui servira à nourrir les animaux l’hiver.

Sur l’alpage, le berger a la charge du troupeau. Contrairement au randonneur qui restera au chaud les jours de mauvais temps, le berger travaille tous les jours et par toutes les météos ! Même si le cadre est souvent magnifique, c’est un métier pénible qui mérite d’être respecté, comme tous ses outils de travail (cabane, clôtures…).

… Tout en préservant l’environnement

Montée à l'alpage de Peyre Arguet © T. Maillet - PNE Lorsque le pastoralisme est bien conduit, il favorise une mosaïque de milieux naturels propice au développement d’une faune et d’une flore variées. Il permet également de contenir la progression de la forêt et ainsi de maintenir de vastes paysages ouverts, pour notre plus grand bonheur !

Pour garantir la bonne gestion des alpages dans les Écrins, le Parc national déploie plusieurs outils :

  • les diagnostics pastoraux, qui permettent de connaître la capacité d’un alpage à nourrir les animaux, c’est-à-dire la quantité d’herbe disponible. L’objectif ici est de limiter le surpâturage et les risques en lien (érosion du sol, appauvrissement de la flore…).
  • les mesures agro-environnementales, lorsqu’un alpage présente un enjeu important pour la biodiversité. Ces mesures ciblées peuvent impliquer des reports de pâturage pendant les périodes de reproduction de la faune sauvage ou une durée de pâturage raccourcie pour garantir une ressource en herbe aux animaux pendant l’hiver.
  • le programme Alpages sentinelles, grâce auquel éleveurs, bergers, techniciens agricoles, chercheurs et agents du Parc national cherchent à anticiper les effets du dérèglement climatique sur les alpages.

Une nouvelle contrainte pour les éleveurs : le loup

Patou et berger d'Anatolie protègent le troupeau sur l'alpage de Chaillol © C. Coursier - PNE Réapparu naturellement dans les Écrins en 1998, le loup est aujourd’hui présent sur tout le massif. En janvier 2022, on estime ainsi que 16 meutes se partagent le territoire. Face aux attaques sur les troupeaux, éleveurs et bergers ont dû s’adapter : gardiennage permanent des animaux, clôtures, chiens de protection… Au fil des ans, l’éducation des chiens de protection des troupeaux se perfectionne. L’objectif : qu’ils soient à la fois efficaces contre le loup et tolérants avec l'homme et les activités humaines. Malgré tous les efforts fournis, ils resteront cependant des animaux avec des réflexes d'animaux.

Randonneurs en alpages

En parallèle du soutien au pastoralisme, le Parc national a également pour mission d'accueillir le grand public et d’encourager la découverte des paysages et de la biodiversité du massif. Comme sur toute la superficie du parc (exceptée la réserve intégrale du Lauvitel !), les randonneurs sont les bienvenus dans les alpages, qui sont par essence des espaces partagés. Qui dit partage dit bien évidemment respect des activités des autres. Lorsque vous croisez un troupeau et des équipements pastoraux (cabanes, filets, chiens), merci de respecter les quelques règles de bons sens en lien. Une petite révision en vidéo ci-dessous !