A propos des génépis...

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Sous le vocable " génépi " se cachent quatre espèces de génépis.  De notoriété indiscutable, ils servent tous, plus ou moins, à la confection de tisanes ou le plus souvent de liqueurs mais leur cueillette est très précisément réglementée, dans le coeur du Parc national... et ailleurs.

Dans les vallée alpines, on trouve quatre espèces de génépis : le génépi laineux encore appelé mâle ou bourru (Artemisia eriantha), le génépi blanc ou femelle (Artemisia umbelliformis ou A. mutellina), le génépi vrai ou noir (Artemisia spicata ou A. genepi) et le génépi des glaciers (Artemisia glacialis).

En terme de réglementation, la cueillette « du » génépi est très précisément réglementée.
Dans le cœur du Parc, sa cueillette est limitée pour 3 des 4 espèces à 100 tiges fleuries (au total parmi les trois espèces) ; la cueillette du génépi laineux étant interdite.

Hors du cœur du Parc national, une réglementation similaire s'applique dans les Hautes-Alpes et en Isère (arrêtés préfectoraux).

La plante ayant « les pieds » fragiles, une récolte peu soigneuse se solde bien souvent par l'arrachage malencontreux de la plante qui se régénère très lentement, de façon aléatoire et difficile. Sa récolte doit donc se faire avec un objet tranchant évitant tout arrachage et destruction de la plante.

2009-07-infractionMais la demande de cette plante hautement symbolique va croissante : saucisson, bière, fromage, sorbet, ... Tout se décline au génépi.
La culture se développe depuis quelques années en Haut-Champsaur et en Névachie notamment. Ce sont les espèces " umbelliformis " et " mutellina " qui font l'objet de ces productions, encore insuffisantes... Ainsi, les cueillettes abusives restent hélas trop fréquentes, bien au-dela de la traditionnelle cueillette familiale qui motive une sortie en montagne.

Chaque année, les agents chargés de la police de l'environnement verbalisent certains cueilleurs indélicats avec plusieurs milliers de brins... quand ce ne sont pas les plantes entières, racines comprises.

La cueillette est une pratique ancestrale... Pour qu'elle puisse perdurer, chacun se doit d'adopter une démarche responsable.

Juste une mise au point

Comment lever toute confusion entre quatre, voire six plantes qui auraient la même vocation, selon que l'on se trouve en France, en Italie, en Autriche, en Suisse ou même dans le Queyras, l'Oisans ou le Mercantour ? Il nous faut utiliser un outil certes un peu difficile à manier mais d'une efficacité imparable : la trilogie botanique " FAMILLE, GENRE, ESPECE ".

Commençons par la FAMILLE...
Les génépis, puisqu'ils sont plusieurs, sont membres d'une famille nombreuse : les astéracées, appelées hier encore les composées. Au grand dam des systématiciens, lorsque l'on est porteur d'un piolet plutôt que d'une loupe, l'on est tenté de définir trois groupes de plantes selon l'aspect et l'architecture des capitules que composent d'innombrables petites fleurs.
Le premier réunirait les cosmos du jardinier, l'aster du randonneur, l'achillée naine du lagopède et la marguerite qu'effeuille l'amoureux dubitatif. C'est le groupe des plantes au cœur tendre entouré d'une couronne de pétales un peu particuliers, les ligules.
Un groupe intermédiaire serait agrémenté de congénères dont les fleurs ne composent pas vraiment un cœur mais sont toutes dotées de ligule ; ce sont les épervières, les pissenlits, les bleuets et autres centaurées.
Enfin, c'est dans un dernier groupe que l'on rassemblerait, en compagnie de l'emblématique édelweiss et de l'illicite absinthe, le génépi aux fleurs dérisoires, dépourvues de ligule, regroupées sous la forme de petites boules ou de grelots.

... en passant par le GENRE
Le génépi appartient à celui des armoises " artemisia " en latin, appellation faisant référence à la nymphe Artemis, protectrice des mères et de leur jeune progéniture, rappelant l'efficacité de ces plantes dans le domaine gynécologique. Les armoises regroupent des végétaux de taille fort différente, avec ou sans parfum. Elles habitent les plaines et les montagnes élevées, en des lieux allant des décombres au bord des routes, des parois rocheuses abruptes aux marges glaciaires. On conviendra tout simplement que le génépi est une plante aromatique de taille modeste, dépassant rarement 20 cm, qui affectionne le milieu minéral d'altitude et dont le nom fait allusion à un " jaune épi ".

Pour connaître l'ESPÈCE
En matière de génépi, le meilleur est évidemment celui que l'on connaît. Toutefois 4 véritables espèces sont disséminées sur nos contrées, 6 si on y ajoute 2 achillées odorantes bien utilisées par nos voisins transalpins (l'achillée naine et l'achillée herbe à la fracture). Une confusion, depuis toujours entretenue, règne entre elles et fait des gorges chaudes. Elle est née d'un mélange de diverses appellations latines changeant au fil du temps et de leurs versions française, populaire et régionale.

2009-07-genepi-laineuxLe génépi laineux
Le génépi bourru , le génépi mâle - Artemisia eriantha, Artemisia villarsii

C'est le plus vigoureux, sa taille peut dépasser 20 cm. Abondant dans le Briançonnais, il est surnommé le génépi mâle. Ses caractéristiques  : un long épi de fleurs groupées en capitules et son arôme puissant.
Sa cueillette est interdite.

 

 

2009-07-genepi-vraiLe génépi vrai
Le génépi noir - Artemisia genepi, Artemisia spicata

 

 

Cette espèce est dotée d'un épi compact au sommet d'une tige plutôt courte mais épaisse.
Les bractées entourant les capitules sont bordées de brun, d'où son appellation de génépi noir.

Il exhale un parfum d'absinthe, ce qui le distingue du génépi laineux avec lequel il est souvent confondu.

2009-07-genepi-blancLe génépi blanc
Le génépi jaune, le génépi femelle - Artemisia umbelliformis, Artemisia mutellina

Gracile, c'est le plus frêle. Il est aussi nommé le génépi femelle. C'est l'espèce la plus courante sur le massif des Écrins. Ses capitules peu fournis forment un épi lâche et ses senteurs seraient des plus sensuelles.

 

2009-07-genepi-glaciersLe génépi des glaciers
Artemisia glacialis

Voici l'espèce la plus rare. Ses capitules d'un jaune franc terminent de courtes tiges émergeant d'une sorte de coussinet de feuilles assez compact. Il affectionne plus particulièrement la partie orientale du département des Hautes-Alpes.