Quelle faune dans le lac Lauvitel?

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Pêche électrique ©PNE

De 2016 à 2018, l'Agence Française pour la Biodiversité a mené des prospections dans le Lauvitel afin de caractériser la faune benthique et piscicole de ce lac atypique, à marnage important.

Le lac Lauvitel présente une situation quasiment unique dans les Alpes du Nord, avec un marnage naturel très important : le niveau des eaux varie d’environ 20m au cours de l’année. L’espace littoral est ainsi en mouvement quasi permanent. Différentes questions se posent donc : quelles sont les organismes aquatiques présents et comment s'adaptent-ils à ce contexte très original ?

L’Agence Française pour la Biodiversité (anciennement ONEMA) a travaillé avec le Parc national pour acquérir des connaissances sur la faune de ce lac atypique. L'objectif est une description précise de la biodiversité et l'abondance des différents groupes d'invertébrés benthiques, c’est à dire vivant au fond des eaux, ainsi que de mieux connaître le peuplement de poissons.

Les poissons ne pouvant coloniser les lacs d'altitude comme le Lauvitel, ce peuplement était supposé composé d'espèces introduites à des époques diverses. La présence de la truite fario est avérée depuis plusieurs siècles, mais les cas du chabot où encore de la loche franche restent encore à éclaircir. Comprendre la présence actuelle et les conditions du maintien de ces petites espèces à affinité benthique permettrait d’apporter des connaissances sur ce type de milieu.

Banc de chabots à proximité du Littoral ©AFB

La pêche à l'électricité révèle de faible densités de poissons sur le littoral

En juin 2016, une opération de pêche à l’électricité a été menée afin de vérifier la présence de certaines espèces : la loche franche et le chabot, et d’estimer l’abondance de ces poissons sur la zone littorale. Le but était de comparer ces résultats à ceux de lacs de montagne présentant un niveau stable et ainsi d’évaluer l’impact du marnage important sur les populations. Pêche électrique ©PNE Les 29 placettes prospectées sont situées sur l’ensemble du pourtour du lac à des profondeurs variant entre 20 et 100 cm de profondeur.

Sur les 227m² ainsi prospectés, 327 vairons et 9 loches franches ont été capturés. Au niveau de la répartition dans la zone littorale, soit jusqu’à 1m de profondeur, les loches occupent l'espace de façon assez homogène. Les vairons quant à eux, bien que présents sur l’ensemble des tranches de profondeur, sont plus concentrés entre 50 et 70 cm de profondeur. De plus, le vairon semble plus présent dans les blocs et galets, tandis que la loche affectionne particulièrement les fonds nus et minéraux ainsi que les plantes semi-aquatiques.

Les densités numériques observées sur le littoral apparaissent plus faibles que pour un lac d'altitude à niveau stable. Le marnage serait donc un facteur de contrôle de l'abondance des populations piscicoles, du moins sur le littoral.

Mesure d'une loche franche ©PNE

La macro-faune vivant dans les sédiments est plutôt rare sur le littoral

Parallèlement, deux campagnes de prélèvements de macro-invertébrés benthiques ont été mises en place en juin puis en octobre. Elles avaient pour but d’inventorier la faune présente et d’obtenir de premières pistes sur la manière dont réagit la faune macro-benthique à de telles fluctuations de niveau. Ces deux campagnes ont respectivement fait l’objet de 21 et 20 prélèvements, selon une stratégie d’échantillonnage de type stratifiée par substrat. Pêche électrique ©PNE Sur les deux campagnes de prélèvements, 78 individus ont été récoltés. Ce sont des diptères (l’ordre des mouches), des vers ou encore des gastéropodes. Plutôt rares dans la plupart des prélèvements, ces invertébrés étaient plus abondants et plus diversifiés au niveau des afférences, les arrivées de cours d’eau. Il est aussi intéressant de noter la présence assez importante de macro-invertébrés non aquatiques, principalement de l’ordre des coléoptères, essentiellement en juin, lors de la période de montée des eaux (résultat de l'ennoiement rapide de surfaces terrestres).

La zone littorale du lac Lauvitel présente donc une faune macrobenthique très peu dense et peu diversifiée. Les très faibles densités découlent probablement du marnage important, qui rend difficile l’installation du benthos. Mais le phénomène de dérive au niveau des affluents permet sans doute d'apporter des invertébrés dans le lac et compenser partiellement ces difficultés naturelles.

En 2018, un inventaire par pêche aux filets a été réalisé afin d’évaluer la population piscicole de l’ensemble du lac. Cinq espèces ont été contactées, la loche, le chabot, l’omble chevalier, la truite fario et le vairon. Les résultats détaillés nous parviendront prochainement.

Pêche aux filets réalisée en 2018 ©PNE

 

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