Prospections dans la canopée de la réserve intégrale

-A A +A
La réserve du Lauvitel fête ses 25 ans d'existence, l'inventaire général investit le sommet des arbres. Des spécialistes des champignons et des archéologues comptent parmi les premiers scientifiques à avoir retrouvé le chemin du Lauvitel.

Depuis la fin du confinement, les missions de terrain ont repris sur les chapeaux de roue dans la réserve intégrale du Lauvitel.

Inventaires champignons -  réserve intégrale lauvitel - Parc national des Ecrins - 2020

Inventaires champignons -  réserve intégrale lauvitel - Parc national des Ecrins - 2020 Précaution sanitaire oblige, la première session d’inventaire général de la biodiversité du Lauvitel a dû être adaptée. Prévue initialement sur 3 jours, la mission a été répartie sur 6 jours pour réduire le nombre de personnes présentes en même temps et éviter que des gens d’origine géographique différente ne se croisent. Pour autant, les travaux ont repris de plus belle.

Pour cette session, ce sont les espèces printanières qui étaient recherchées. Certaines espèces d’invertébrés notamment, mais aussi de champignons réalisent une partie de leur cycle de vie juste au moment de la fonte des neiges et elles ne vont vivre que quelques semaines. Ces espèces sont particulièrement adaptées aux milieux montagnards.

Pour les détecter, il est donc nécessaire de s'adapter à ces modes de vie en mettant des dispositifs d’inventaires, tôt en saison, en bordure des névés encore présents.

Inventaires champignons -  réserve intégrale lauvitel - Parc national des Ecrins - 2020 Deux mycologues de l’association Ascomycètes.org sont venus compléter l’inventaire des champignons ascomycètes. Pendant deux jours, ils ont alterné récoltes sur le terrain et détermination au microscope dans le chalet. Les déterminations vont ensuite continuer plusieurs jours au laboratoire.

Un peu plus d’une quarantaine d’espèces a été découverte et les analyses en laboratoire devraient permettre de continuer cette liste. A l’occasion de la prospection d’août dernier, une nouvelle espèce pour la science a été décrite : Pseudocosmospora hypoxylicola suite à sa première découverte dans la réserve par Angelo Mombert. Le rapport complet sera disponible en septembre.

= >Lire aussi Réserve du Lauvitel : le grand inventaire - juillet 2020

Inventaire lépidoptères - Flavia - réserve intégrale lauvitel - Parc national des Ecrins - 2020 Dans la continuité, Yann Baillet,  de l’association Flavia, est venu lui aussi compléter l’inventaire des espèces printanières de lépidoptères notamment de papillons de nuit. En plus des chasses au filet de jour, un dispositif attractif lumineux de nuit a été installé sur deux sites.

Des pièges en canopée

Certaines espèces ont pu être déterminées par ce spécialiste sur place, dont environ 10 espèces nouvelles pour la réserve. D’autres le seront aussi plus tard, au microscope. En test, un dispositif lumineux a été installé vers le sommet des arbres.

Pieges en canopée - photo Parc national des Ecrins - printemps 2020
En effet, cette année la canopée est investie pour la première fois dans la réserve intégrale. Deux gardes-moniteurs « cordistes » du secteur Oisans-Valbonnais ont installé 6 lignes de cordes jusqu’au sommet des arbres.

Ces lignes permettent de suspendre des seaux colorés et des pièges vitres entre 12 et 20 mètres de haut. Certaines espèces d’invertébrés vivent en haut des arbres et ne descendent jamais. Ainsi pour les inventorier, il faut installer des dispositifs dans leur milieu de vie, au sommet des arbres.

La forêt est par ailleurs bien suivie dans la réserve grâce au protocole dit « Protocole de suivi dendrologique des réserves forestières ».
Lire aussi : L'inventaire forestier de la réserve intégrale

Pieges en canopée réserve intégrale lauvitel - photo Parc national des Ecrins - printemps 2020 Ainsi, sur les 32 placettes de suivi, 6 ont été tirées au hasard pour recevoir ces dispositifs en canopée. Ce système de capture sera installé jusqu’en septembre de cette année et devrait permettre de mieux connaître l’entomofaune de la réserve.

Le programme se poursuit avec une équipe d’archéologues « de montagne » dirigée par Florence Mocci de l’IMBE Aix-Marseille pour repérer les sites archéologiques de la réserve avant que d’autres spécialistes ne continuent les inventaires de la pédofaune, autrement dit la faune du sol et de la litière puis des diptères. Ce dernier groupe n’a été que très peu étudié jusqu’à présent.

Pour préserver son caractère « intégral », la réserve intégrale ne devrait pas accueillir d’autres missions significatives ensuite. En effet, le conseil scientifique a proposé de ne pas dépasser un quota de 120 jours/homme dans la réserve en 2020.