Pastoralisme et prédation : des actions d'accompagnement

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Troupeau en alpage - © Mireille Coulon - Parc national des Ecrins
Les cabanes d'urgences héliportables pour les bergers sont l'un des moyens d'actions du plan « pastoralisme et prédation » du Parc national. D'autres mesures concernent notamment le suivi de l'espèce, l'appui à des travaux de recherche ou encore l'amélioration du réseau radio dans les alpages sans oublier l'implication des agents dans l'accompagnement des éleveurs et la réalisation des constats en cas de dommage au troupeau.

Héliportage cabane d'urgence en alpage © Parc national des Ecrins A la fin du mois de juin, six cabanes provisoires dites « cabanes d’urgence » ont été héliportées sur des alpages du parc national des Écrins. Ces petites cabanes en bois, toutes équipées, ont été installées pour la saison d'estive sur des quartiers dépourvus d'abris et soumis à une forte pression de prédation. Elles permettent aux bergers de dormir au plus près des troupeaux et de mieux les protéger.

Cette opération est l'une des nombreuses actions du plan d'action « pastoralisme et prédation » du parc national des Ecrins, mis en place en 2014 afin de soutenir les éleveurs et bergers de son territoire face à la prédation. "Il marque la volonté de l'établissement d'agir, avec les moyens dont il dispose, pour une meilleure connaissance de l'espèce et pour soutenir un pastoralisme respectueux de l'environnement" résume Thierry Durand, directeur par intérim du Parc national.

D'autres actions concernent notamment le suivi de l'espèce, l'appui à des travaux de recherche ou encore l'amélioration du réseau radio dans les alpages sans oublier l'implication des agents dans l'accompagnement des éleveurs et la réalisation des constats.

Huit cabanes héliportables d'urgence

"Depuis 2010, le Parc national des Écrins a fait construire huit cabanes d'urgence qu'il prête chaque année aux éleveurs et groupements pastoraux" explique Agnès Thiard, chargée de mission sur les questions agricoles au Parc national. Héliportables en une seule rotation, elles sont rapidement mobilisables et permettent de pallier temporairement au manque de cabanes sur certains alpages, en l'attente d'une solution pérenne (construction d'une nouvelle cabane ou restauration d'une cabane ancienne).

Héliportage cabane d'urgence en alpage © Mireille Coulon - Parc national des Ecrins Cette année, cinq de ces cabanes ont été pré-affectées sur des alpages demandeurs dès le début de la saison d'estive. L'affectation est réalisée par un comité de pilotage qui regroupe le Parc national des Ecrins, les services pastoraux, les DDT, ainsi que les Conseils départementaux des Hautes-Alpes et de l'Isère.

"Les demandes reçues sont priorisées selon des critères précis comme la difficulté de l'alpage, l’existence d'une bonne gestion pastorale mais aussi et surtout l'existence d'une réflexion sur l'équipement pérenne de l'alpage" ajoute Isabelle Vidal, chef du service aménagement du Parc national.

Les trois cabanes restantes sont gardées en réserve pour être mobilisées en cas d'urgence. L'une d'entre elles vient d'être montée sur un alpage du Valbonnais suite à d'importants dégâts sur un troupeau. A la fin de la saison d'estive, toutes les cabanes seront redescendues.

Équiper les alpages

En parallèle du dispositif « cabanes d'urgence », le Parc national accompagne les éleveurs et les communes dans l'équipement pérenne de leurs alpages en cabanes. Il apporte son expertise sur toutes les étapes de la démarche : diagnostic des besoins, avis sur l'étude architecturale, orientation des porteurs de projet sur les financements mobilisables...

L'établissement a également étudié un projet de cabane secondaire modulaire, héliportable en 5 rotations. Un prototype de cette cabane, intéressante par son coût raisonnable et son aspect modulable, sera réalisé prochainement. Les plans pourront être mis à disposition des communes intéressées.

Pastoralisme Champsaur © M.Corail - Parc national des Ecrins

Constater sans interpréter

Constat de dommage en alpage © Parc national des Ecrins Les agents du Parc sont présents sur le terrain pour accompagner les éleveurs et bergers.

A la suite d'une attaque sur le territoire du parc national des Ecrins, ce sont eux qui montent réaliser les constats de dommage. Leur rôle se limite alors à un relevé d'éléments factuels et techniques relatifs au dommage, sans expertise sur l'indemnisation.

Constat de dommage réalisé par un agent du Parc national des Ecrins C'est ensuite la DDT qui utilise ces éléments pour valider ou non la responsabilité du loup en s'appuyant sur l'avis technique de l'ONCFS.

Elle procède à l'indemnisation dans le cas où la responsabilité du loup n'est pas exclue.

L'année dernière, 71 constats ont été réalisés sur le territoire du parc national, dont 10 sur la partie cœur. Depuis 2015, deux vacataires viennent renforcer l'équipe chaque été.

Étudier et expérimenter

Le Parc national des Ecrins accueille sur son territoire plusieurs études sur la question du loup. Dans le respect de la réglementation de l'établissement, il s'agit d'améliorer la connaissance du prédateur et d'expérimenter des méthodes innovantes de protection des troupeaux.

Cet été, l'alpage du Saut du Laire, en cœur de parc national, accueillera un projet de recherche mené par l'IPRA (Institut pour la Promotion et la Recherche sur les Animaux de protection), dont l'objectif est d'étudier le risque de prédation grâce à l'utilisation de caméras nocturnes thermiques.

En parallèle, deux stages, co-pilotés par la Chambre d'agriculture, le Parc national des Ecrins et le Cerpam, sont actuellement en cours dans la partie sud du parc. Ils ont pour objectif d'étudier les trajectoires d'évolution et les perspectives d’avenir des exploitations d’élevage du territoire dans ce contexte de prédation. Les résultats seront présentés à l'automne.

Des pièges photos pour observer, des radios pour informer

La politique du loup relève de la compétence du préfet. Les organismes techniques de référence sont la DDT et l'ONCFS. Le Parc national des Ecrins n'a donc pas de rôle officiel sur la communication générale relative au loup. Toutefois, présent sur le terrain, au contact des acteurs et du grand public, il joue un rôle en matière d'accompagnement et d'information de proximité.

Piège photo  © Parc national des Ecrins Dans le cadre du réseau grands prédateurs qui compile et diffuse les données, les agents du Parc national récoltent toute l'année des indices de présence du loup : observations visuelles directes, hurlements provoqués, suivis des traces en hiver, récolte de fèces, d'urine…

"L'utilisation de pièges photos est l'une des méthodes d'observation les plus efficaces", indique Richard Bonet, chef du service scientifique du Parc national des Ecrins. "C'est un outil au service de la connaissance qui permet de donner des informations précieuses aux bergers et éleveurs afin d'optimiser ou renforcer la protection des troupeaux".

Placés à des endroits stratégiques sur l'ensemble de son territoire, ces appareils permettent en effet de produire des indices de présence du loup faciles à valider par le réseau piloté par l'ONCFS.

En cas de présence avérée, le maire de la commune concernée et les éleveurs situés à proximité du lieu d'observation sont informés.

réseau radio - © P.saulay - Parc national des Ecrins Un « canal alpages »

Cette communication sera facilitée par la mise en place d'un réseau radio plus performant sur le territoire d'ici 2017.

Le Parc national des Ecrins va renouveler ses équipements, en migrant vers un réseau numérique qui apportera un gain de couverture de 20%. Il mettra à la disposition des éleveurs, bergers et autres partenaires intéressés un « canal alpages » dont l'expérimentation devrait s'organiser dès cet été en Vallouise.

Cet article a également fait l'objet d'une publication dans l'édition du 8 juillet du journal agricole l'Espace Alpin

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