Le lac Lauvitel, situé à environ 1 500 m d'altitude, présente un fonctionnement assez particulier. Son altitude varie d'une vingtaine de mètres au cours de l'année, phénomène rare pour un lac de montagne de cette surface, et même exceptionnel dans les Alpes. Cela fait de ce lac, à l'image des glaciers, un témoin des changements climatiques actuels. Les relations entre les niveaux lacustres et les paramètres climatiques sont donc étudiées.
De nombreuses données collectées
L'un des objectifs de la réserve intégrale de Lauvitel, située en amont du lac éponyme, est de suivre à long terme un milieu de montagne. Une des composantes de ce suivi est l'étude du lac Lauvitel. Depuis 2006, l'historique du niveau d'eau et de la température du lac est donc enregistré. Il est mis en relation avec le suivi météorologique, réalisé depuis 2002.
Un capteur de pression ainsi que plusieurs capteurs de températures (thermistores) ont été immergés dans le lac. Ces derniers permettent de mesurer les variations de niveau ("marnage") et de température du lac chaque heure. Toutes ces données sont télétransmises au siège du secteur de l’Oisans du Parc national. Le niveau de l’eau est aussi mesuré manuellement plusieurs fois dans l’année grâce à une échelle limnimétrique. On peut ainsi vérifier le bon fonctionnement de la sonde, et la ré-étalonner si nécessaire.
La variation de niveau fortement liée à la fonte des neiges
Les enregistrements lacustres ont permis d’observer que le lac est généralement à son niveau le plus bas en avril et qu’il est au plus haut en juillet. Le niveau du plan d’eau oscille ainsi entre 1471m et 1501m, avec un marnage moyen annuel d’environ 20m. C’est en juin que les variations de cote du plan d’eau sont maximales. Elles peuvent atteindre plus d’1 mètre par jour. Le lac peut ainsi passer de moins de 6 millions de m³ à près du double en 3 mois. En mai 2008, cette remontée du niveau avait atteint 2 m par jour (soit près de 250 000 m³ d’eau). On avait alors une forte pluviométrie, associée à la fonte des neiges liée à un redoux exceptionnel.
Il faut bien noter l’importance de la fusion nivale dans le régime hydrologique du Lauvitel : 9 millions de m3 d’eau seraient apportés chaque année par la fonte des neiges.
A l'échelle d'une année, le lac réagit donc particulièrement à la variation des précipitations. Un niveau très bas met en évidence l’effet des faibles précipitations de l'année précédente. Plus précisément, il traduit l’effet du faible enneigement. On a ainsi pu observer certaines années un niveau des eaux très bas sans que la pluviométrie n'ait baissé drastiquement.
C'est donc le faible enneigement du bassin versant, entraînant une réduction de la fonte nivale, qui a visiblement le plus d’impact sur le volume et le niveau du lac.
Une eau atteignant 19°C en été
Les capteurs de températures installés en 2017 permettent d'observer une variation de la température de surface de 19°C en août à 4°C en décembre. Elles descendent ensuite à 0°C, jusqu'à l'englacement du lac qui a lieu entre la mi-décembre et début janvier.
Le poster suivant présente le fonctionnement hydrologique du lac, dans toute sa complexité.
Timelapse, un an au lac Lauvitel : Et au milieu se tient un lac